Editorial : A la croisée des chemins

Moïse DOSSOUMOU 27 octobre 2014

Le processus électoral a du plomb dans l’aile. Depuis bientôt deux ans, il peine à aboutir. Au centre de cette nébuleuse, la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) dont les travaux de correction, censés se dérouler initialement en huit mois, ne sont toujours pas achevés 18 mois après. Le Conseil d’orientation et de supervision sur qui pèse la responsabilité du succès de cette mission républicaine est toujours à l’œuvre. Les Béninois espèrent impatiemment que la liste électorale apurée qui leur sera enfin livrée ne soit plus sujet à polémique.
Comme la confection de la liste électorale par la Commission politique de supervision (Cps-Lépi) dans les années 2009-2010, la correction en cours de ladite liste déchaîne les passions au point de prendre le pas sur les préoccupations essentielles. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut tout mettre entre parenthèses et se tourner les pouces alors que la liste corrigée n’est pas disponible. Depuis de longs mois, on ne parle que de ça, comme si les préoccupations nationales se limitaient à la liste électorale. S’il en est ainsi, c’est que les Béninois, jaloux de leur démocratie qui va un peu dans tous les sens, veulent sauver les meubles afin de renouer avec la tenue à bonne date des élections.
En tant qu’animateurs de la vie politique nationale, les partis politiques, en tout cas ceux qui sont représentés à l’Assemblée nationale, ont un devoir à accomplir pour que cette parenthèse de la Lépi se ferme enfin. Leur lobbying constant, en direction des membres du Cos pour que les obstacles soient franchement connus et levés, se fait toujours attendre. Le tiraillement entre le Gouvernement et le Cos-Lépi n’a que trop duré. Si chacun rejette le tort sur l’autre, on ne sortira jamais de ce labyrinthe qui, en réalité n’a aucune raison d’être.
C’est évident qu’il appartient au gouvernement de convoquer le corps électoral. Mais avant que cet acte ne soit posé, il faut bien que les conditions nécessaires à l’organisation des scrutins soient réunies. En cette matière, c’est la loi, en l’occurrence le code électoral qui fixe les modalités de la tenue des scrutins. C’est l’Assemblée nationale qui vote les lois. C’est elle qui a institué le Cos-Lépi et qui y a envoyé ses membres en majorité. C’est encore elle qui a voté la loi de prorogation à durée illimitée du mandat des élus municipaux, communaux et locaux.
Déjà, l’Union fait la nation s’est démarquée de ce micmac politique. Elle n’a de cesse de faire des propositions qui ont souvent été balayées du revers de la main. Cela n’a jamais empêché ses membres d’exprimer leurs opinions sur ce sujet. Qu’attendent les autres forces politiques pour en faire autant ? Si les acteurs politiques, au lieu de se contenter d’observer, s’investissaient dans la réflexion, nous aurions sans doute avancé. Puisque l’impasse se dessine déjà, que chacun joue sa partition afin que, une fois encore, le Bénin se tire d’affaire par la conjugaison des efforts de ses fils et filles. Il y va de notre crédibilité, mieux de notre tranquillité dont nous sommes si jaloux.



Dans la même rubrique