Editorial : Actes cherchent preneurs !

Angelo DOSSOUMOU 4 septembre 2019

Paradoxe béninois et les faits sont assez illustratifs. Tenez ! Sans acte de naissance et sauvés par le Ravip, ils se font toujours désirer pour le retrait de la pièce qui leur manquait tant pour être des citoyens heureux et à l’abri des tracasseries. Deux semaines et une prorogation du délai de clôture n’auront pas suffi pour les décider à faire le déplacement des arrondissements et des communes. A cinq jours d’une nouvelle fin de distribution, il y a encore des localités notamment Cotonou où ça ne se bouscule toujours pas. Pourtant, l’opération est gratuite. C’est dire qu’il suffit juste aux concernés de faire le déplacement au bon endroit pour entrer en possession de l’acte de naissance pour lequel, préalablement, ils s’étaient fait enrôler.
Mais, apparemment, entre le temps de la détermination de ces populations pour le Ravip et la possibilité d’une prise en compte dans le registre de l’état civil, l’eau a, sans doute, coulé sous les ponts. Sinon, si cette pièce était pour elles, continuellement une réelle préoccupation, le premier délai qui courait du 12 au 26 août derniers était largement suffisant pour que les 2,5 millions d’actes de naissance soient retirés. Or, à part les zones essentiellement rurales où les taux de retrait sont en général acceptables, rien n’y fit. Au décompte, à la clôture le 9 septembre prochain, il y aura presque un mois pour la très attendue opération de distribution. Malheureusement, à moins d’un engouement de dernière minute, le résultat laisse encore à désirer. Ce qui suppose que soit, dans nos villes, le je-m’en-foutisme a atteint son paroxysme soit, qu’à des niveaux donnés, des partitions n’ont pas été convenablement jouées.
A priori, pour la quête des actes de naissance, rien ne peut justifier, qu’après tout un mois, la disponibilité de la majorité des concernés, quelle que soit leur localité ou leur activité, ait fait si cruellement défaut. Et donc, la seule piste qui, à mes yeux, est valable pour en arriver à constater ce manque d’engouement pour le retrait des actes de naissance surtout en milieux urbains est celle d’un déficit communicationnel. A cet égard, le mieux à faire pour atteindre l’objectif escompté, c’est non seulement un battage médiatique de tous les instants mais aussi, aller à la décentralisation de l’information.
Car, contrairement aux zones rurales où la cible est facilement repérable et peut rapidement être atteinte sans déployer une batterie de moyens, en ville par contre, tout porte à croire qu’un simple communiqué lu sur les ondes et même posté sur les réseaux sociaux ne suffit pas à lui seul pour équilibrer la balance. En réalité, la stratégie la mieux indiquée afin que dans les grandes agglomérations l’information parvienne aux oreilles des concernés, c’est cette nécessaire association des autorités locales. Mais, je parie, même si c’est le cas, que les moyens d’accompagnement ne sont certainement pas à la hauteur des attentes.
Quoiqu’il en soit, c’est aux récipiendaires du Ravip, sans actes de naissance, d’être constamment à l’écoute des informations sur le démarrage de l’opération de distribution. Malheureusement, si pendant ces trois dernières semaines, ils sont très nombreux à oublier de faire le déplacement utile, ce serait vraiment extraordinaire qu’un boom de dernière minute soit noté à l’enregistrement. Toutefois, il le faut et pour y arriver, il n’y a pas d’autre alternative que de miser gros sur le plan sensibilisation et communication pour accompagner le mouvement.



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