Editorial : Alcrer tient à sa Cour !

Angelo DOSSOUMOU 9 juillet 2019

Un vieux débat mais toujours une équation à résoudre. Sur l’inexistence dans notre pays d’une Cour des comptes comme recommandée par l’Uemoa pour mieux endiguer la corruption, Alcrer et son président ne démordent toujours pas. Aussitôt la 21ème réunion statutaire des Présidents et Conseillers des Cours des comptes de l’Uemoa terminée à Cotonou, Martin Assogba est revenu à la charge pour exiger à nos députés et au gouvernement de prendre leurs responsabilités. Ainsi, dans un communiqué en date d’hier, 8 juillet 2019, il a appelé à une synergie d’actions en vue de combler un vide qui ne fait que durer. Et pour cause, rangée aux calendes grecques après les successifs échecs de révision de la Constitution, il est désormais question de l’urgence à travailler à l’avènement de la Cour des comptes.
Déjà, pour le peu que je sache, cette haute juridiction financière est essentielle dans la gestion optimale et transparente des ressources publiques. D’elle, les techniciens disent qu’elle est chargée de juger de la régularité des comptes établis par les comptables dans les différents services de l’Etat. Par ailleurs, elle assiste le parlement et le gouvernement à vérifier la bonne exécution des lois de finances. En somme, pour le contrôle de l’action gouvernementale et le recul de la corruption endémique, c’est une aubaine. C’est donc à raison que l’Ong Alcrer et son président militent à ce que ce déficit dans nos institutions constitutionnelles soit vite comblé.
Maintenant des voies et moyens pour parvenir à la recommandation de l’Uemoa, il est clair que chacun a sa conception. Mais à l’évidence, il s’agit ici, ni plus ni moins, de l’introduction dans le bloc constitutionnel, d’une nouvelle institution. Et donc, cela ressemble fort bien à la modification de la loi fondamentale du 11 Décembre 1990. D’ailleurs, c’est à dessein que l’Ong Alcrer s’est prioritairement adressée aux députés et au gouvernement à qui il revient l’initiative d’agir dans ce sens. Mais, nous sommes au Bénin du renouveau démocratique où toute révision rime avec suspicion. Alors, dans ces conditions, que faut-il attendre d’un appel qui, par le passé et pour les mêmes raisons, n’a pas eu un écho favorable ?
Pour l’instant, seuls le parlement et le gouvernement ont la réponse. Cependant, le contexte politique nous oblige à croire que le vent est actuellement favorable au toilettage idoine de notre Constitution. Ce faisant, il me paraît judicieux qu’au lieu de s’en tenir exclusivement à la préoccupation majeure de l’Ong Alcrer pour céder à l’appel d’une quelconque révision, que la classe politique aille plutôt au point de l’ensemble des dispositions à corriger et à celles à apporter. Tout compte fait, il y a longtemps que dure cette quête d’une Constitution adaptée aux réalités de l’heure et au développement socioéconomique de notre pays. Alors, maintenant pour contenter Martin Assogba ou après, et de façon globale ? Disons plutôt, mieux vaut tard que jamais.
En définitive, la Cour des comptes n’est pas que le seul manque dont souffre une meilleure gouvernance de notre pays. Au-delà, il y a d’abord notre mentalité puis évidemment des ajustements coercitifs à nos textes de lois. Etant donné que la création d’une Cour des comptes redorera notre blason aux yeux de l’Uemoa et n’apportera qu’un plus à la transparence dans la gestion des finances publiques, sur ce, que la synergie d’actions attendue d’Alcrer entre en jeu et nous libère. Sinon, à tourner en rond, on n’en finira jamais et ce serait tant pis pour nous.



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