Editorial : Chasse aux Voyous !

Alassane AROUNA 11 mars 2019

Dans la béante plaie des déviances électorales, un couteau fait actuellement très mal. Sans ménagement, devant la classe politique réunie mercredi dernier à la Marina, Talon l’a remué si fort que, depuis lors, il saigne et éclabousse les ‘‘Voyous’’. Le mot est lourd mais comme il vient d’une bouche autorisée, je n’ai manifestement pas besoin de porter des gants avant de donner un coup de pied salutaire dans la fourmilière. J’imagine que sans ces réformes actuellement dénoncées à tort, la gangrène se serait massivement glissée à l’hémicycle pour perpétuer le règne de l’impunité. Sinon, sans avoir besoin d’une dénonciation présidentielle, j’étais convaincu qu’auparavant, les loups ne se mangeaient pas entre eux. Tellement, la voyoucratie avait pris le dessus sur l’équité qu’il était même difficile de penser qu’un bon matin, on en arriverait à tenter de séparer le bon grain de l’ivraie.
Mais, refus de compromissions et de laxisme au sommet de l’Etat aidant, les ‘‘Voyous’’ aspirant siéger au Palais des gouverneurs sont publiquement dénoncés et sont désormais sur la sellette. Etant donné que la nuit a beau être longue, le jour finit par apparaître, les premiers rayons de soleil ont effectivement jailli et la laideur de certains de nos politiciens révélée. Même si, après coup, les chefs d’orchestre tentent vainement de se défendre aux yeux de l’opinion publique, ils savent qu’à l’allure où va la traque aux voyous, ils n’auront pas d’autre choix que de prendre leur responsabilité. En fin de compte, pour des hommes d’une grande probité à l’Assemblée nationale, à tous les niveaux, le filtre sélectif sera opérationnel et pour un peuple qui aspire à être mieux gouverné, c’est tant mieux.
Avant tout, parlons de ces ‘‘Voyous’’ qui ont irrité les sommités du côté de la Marina. Primo, ils excellent à produire dans leurs dossiers de candidature, des pièces falsifiées. Ensuite, à se positionner sur plusieurs listes. Enfin, à s’essayer à tromper la vigilance de la Cena avec de faux quitus fiscaux. Le tout mis ensemble, ce sont des hors-la-loi qui auraient pu se faire élire pour contrôler l’action gouvernementale et légiférer. Avec une racaille pareille, c’est le feu vert à la transhumance ou si vous voulez au marchandage politique, à l’absentéisme et au vote des textes de lois, les yeux fermés.
Maintenant, il y a aussi ces grands ‘‘Voyous’’ qui font semblant de ne rien savoir des initiatives malsaines de leur supporters de mauvaise compagnie. A mon avis, feindre l’innocence sur les pratiques peu recommandables des affidés alors qu’il en est tout autre est le plus dangereux des vices. D’ailleurs, des ‘‘Voyous’’ qui se glissent sur des listes pour un passeport d’Honorable, je ne vois pas comment cela pourrait mériter l’indulgence du peuple. De toute façon, même si la nuit de la médiocrité et de la violation des principes établis par des gouvernants mal élus a été longue, les premiers rayons d’un nouveau jour apparaissent déjà et qu’il pleuve ou qu’il neige, le cocorico d’une gouvernance par l’exemple résonnera.
En définitive, face aux maldonnes certifiées par les institutions en charge de l’organisation des élections au Bénin, aux Présidents Talon, Houngbédji, Amoussou, Yayi et j’en passe, un nouveau défi est lancé : la traque des ‘‘Voyous’’ qui leur font des yeux doux pour bénéficier de leurs grâces. Et quand on sait que le poisson pourrit par la tête, il n’y aucun mal à s’en débarrasser dès qu’il ne présente pas toutes les garanties. Autrement, dans la République, en maître les ‘‘Voyous’’ s’érigeront et esclaves, les honnêtes citoyens demeureront. Et ceci, si on n’y prend garde, ce sera à jamais !



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