Editorial : Directeur sur conditions !

Angelo DOSSOUMOU 14 août 2018

La vie est faite de choix. Parfois, il est cornélien. Généralement, il se base sur une intime conviction. A cet exercice, avant la rentrée prochaine, les Directeurs d’écoles en place et les postulants sont appelés par leur ministre de tutelle, Salimane Karimou. A travers un arrêté, riche de 46 articles et en date du 3 août 2018 qui fixe les critères de leur désignation, ils savent ce qu’ils ont à faire.
Pêle-mêle, des nouvelles conditions imposées, il ressort de l’article 44 de ce décret, que les responsables syndicaux, aptes au poste devront clairement avoir une préférence. D’ailleurs, la notification de leur démission au Directeur départemental des enseignements maternels et primaires doit intervenir dans un délai de 30 jours suivant la date de diffusion de l’arrêté en question. Ensuite, de l’article 3, il est à retenir que les Directeurs d’école ont, désormais, un mandat de trois ans renouvelable une fois et sont tenus, outre les tâches administratives, de garder une classe. Cependant, leur proposition à nomination, relativement à la supériorité du grade, est faite par la Circonscription scolaire.
A l’analyse, le contexte de grève qui a longtemps paralysé l’école béninoise a beaucoup influencé le décret du ministre Salimane Karimou. Sinon, c’est un secret de polichinelle qu’avec les syndicalistes-directeurs, le risque est plus grand que les activités pédagogiques et administratives soient constamment paralysées. En temps normal, l’incompatibilité entre la fonction de syndicaliste et celle de Directeur ne doit pas être décrétée. Car, on ne peut vouloir d’une chose et son contraire. Et, dans ce cas-ci, une administratif travaille à sauvegarder les intérêts de l’Etat tandis que le syndicaliste défend ceux corporatistes. L’un mis dans l’autre, cette double casquette handicape, quelque part, un fonctionnement qui se devrait être impeccable.
L’autre critère qui ne manque pas d’intérêt, c’est celui du grade de Directeur, impérativement supérieur à ceux de ses collègues. A priori, avec cette exigence, il serait de plus en plus difficile qu’à l’école, les plaintes de nominations politiques soient enregistrées. En plus, l’introduction d’un mandat de trois ans renouvelable une fois, vient imposer une alternance qui peut s’avérer, à la longue, très bénéfique pour le personnel enseignant.
Toutefois, tant qu’autour de la bonne marche des activités scolaires, un camp fera preuve de mauvaise foi, abusera de la rupture unilatérale et de l’absence au dialogue entre partenaires sociaux, il est certain que le nouvel arrêté ne réglera pas tous les problèmes qui prévalent dans le système éducatif. Certes, il en endiguera ceux de la disponibilité du directeur pour le suivi du bon déroulement du programme scolaire et la sécurité des lieux. Mais, tout cela ne suffira pas. Alors, il est clair que pour une école mieux gérée et productrice des apprenants de qualité, il faut aller au-delà de la trouvaille du ministre Salimane Karimou.
Déjà, je suis curieux de voir le comportement des Directeurs d’école descendus de leur piédestal après leur mandat. A moins qu’une place belle ne soit faite aux enseignants en fin de carrière, j’ai bien peur que ce critère ne crée plus de remous qu’on le pense. Il n’empêche qu’en principe, avant toute nomination, à l’école du ministre Salimane Karimou, ses collègues du secteur de l’éducation doivent aller. C’est une question de logique. D’ailleurs, qui a peur de réformer n’ira jamais de l’avant. En somme, entre l’audace et la lâcheté, notre ministre réformiste n’a pas hésité et c’est tant mieux.



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