Editorial : Eco, demi-tarif !

Angelo DOSSOUMOU 16 octobre 2019

L’objectif de départ était clair. Une monnaie unique pour la Cedeao en 2020. A l’arrivée, seuls les pays de l’Uemoa ayant déjà en partage le FCfa franchiront le pas. Ainsi, pour un Eco tant souhaité, certains de nos décideurs ont simplement choisi de nous faire galoper sur un cheval boiteux. Car, jusqu’à l’année prochaine, tout au moins, à part un changement de patronyme, les populations des pays concernées par la réformette monétaire auront droit à du pareil au même. Et quand on sait que c’est une opération qui mobilisera encore des milliards du contribuable, autant crier haro sur le baudet. En effet, tous les observateurs avertis ont pu s’apercevoir comment, avec des complicités insoupçonnées, le processus de la transition des monnaies nationales à celle unique de la Cedeao a pu être torpillé.
Alors, osons dire que l’avènement de l’Eco en Juin 2020 comme prévu, quel que soit le maquillage administré par ces torpilleurs, ne fait que déplacer un problème crucial. Il s’agit d’abord de la peur de l’affirmation des ambitions communautaires par des dirigeants des Etats colonisés puis ensuite de leur réticence, pour des intérêts égoïstes, à s’unir pour être plus forts. Sinon, personne ne pourra me convaincre qu’il faut autant de gymnastiques avant d’aller à une monnaie unique de la zone Cedeao. Mais évidemment, il faut indéfiniment permettre au colonisateur d’avoir le dernier mot. Et à ce jeu, les pays qui, depuis fort longtemps, ont pu s’affranchir du diktat du blanc, ne pouvaient pas se faire marcher là-dessus. Finalement, l’Eco sera là en juin prochain s’ils le veulent bien mais, avec des ambitions totalement revues à la baisse.
D’ailleurs, toute réflexion faite, malgré les assurances des voix autorisées, demain n’est pas la veille d’un éventuel passage de toute la zone Cedeao à un Eco réellement affranchi. Car, le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache. Imaginez donc le temps que prendra la révolte d’un éternel satisfait de son triste sort. Ce qui est sûr, je veux d’abord voir la logique d’une union sacrée pour un Eco Cedeao triompher, avant de croire. Cependant, il y a moyen de contourner la crainte des représailles et d’aller à l’essentiel. A mon avis, cet Eco, frère jumeau du FCFA n’en vaut vraiment pas la peine et pour en sortir, il urge de viser plus loin.
A la vérité, pour à jamais briser les freins à l’essor du continent noir dans son entièreté, la seule possibilité qui s’offre aux leaders engagés, c’est le consensus panafricain. Autrement, de façon isolée, ils se feront hara-kiri. Pour cette raison, dans un contexte où l’Allemagne, l’Italie, la Russie pour ne citer que celles-là voient d’un bon œil un affranchissement monétaire des pays des zones Uemoa et Cemac, autant en profiter pour marquer des points. Alors vaincre le mal de ces monnaies disparates qui empêchent l’Afrique d’être plus forte et à l’abri de certains fléaux, c’est tout simplement être largement et profondément solidaire. Mais, pour qu’il en soit vraiment ainsi, il va falloir qu’ils soient tous sur la même longueur d’onde. Et ça, c’est un ordre débat.
Au finish, l’Eco Cedeao ne survivra pas aux querelles intestines et au système de diviser pour régner. Sur la quinzaine de pays, huit ont cru devoir perpétuer une hégémonie que d’aucuns croyaient anéantie. Malheureusement, le processus pour ce fameux Eco, ressuscite d’amers souvenirs. Je ne dirai pas que l’Afrique est mal partie, je constate qu’elle ne veut tout simplement pas bouger.



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