Editorial : Formalités express au Pcj !

Angelo DOSSOUMOU 24 octobre 2018

Un ruban coupé. Un Poste de contrôle juxtaposé moderne et aux normes internationales inauguré. Une des priorités pour plus d’intégration dans l’espace Uemoa effective. Et donc, depuis hier, à la frontière bénino-nigériane et devant les Présidents Talon et Buhari, une ambition communautaire s’est matérialisée. Construit sur 17 Hectares dans le cadre du Programme régional de facilitation des transports et transit routier, le Poste de contrôle juxtaposé de Sèmè-Kraké est debout et pèse bien les milliards dépensés à cet effet. Théoriquement, cette infrastructure sonne le glas des dommageables désagréments à l’une des frontières stratégiques avec le géant de l’Est.
Désormais, au Poste de contrôle juxtaposé de Sèmè-Kraké, il faut s’attendre, quand on est en règle, à passer au plus une dizaine de minutes, à la fluidité du trafic ainsi qu’à l’élimination des faux frais. En plus de l’uniformisation des procédures et de la célérité des contrôles, c’est un joyau qui, conformément au désir d’intégration régionale de l’Uemoa, ne peut qu’accroître les échanges entre le Bénin et le Nigeria. Du moins, dans les tout prochains jours, les commerçants et les transporteurs du corridor Cotonou-Lagos doivent sentir un changement remarquable. D’ailleurs, un Poste de contrôle juxtaposé signifie qu’entre les deux pays qui partagent la même frontière, il y a eu, d’ores et déjà, un accord qui définit le rôle de chaque administration douanière au passage de chaque type de marchandise. A l’arrivée, il est en principe question, pour plus de célérité, d’une seule procédure avec un document unique valable d’un bout à l’autre de la frontière.
Maintenant qu’une nouvelle fluidité du trafic se dessine à la frontière de Sèmè-Kraké, il faut inévitablement s’attendre à la densification des échanges. Seulement, avec une porte grandement ouverte sur le Nigeria, l’une des premières puissances économiques de l’Afrique et peuplé de près de 200 millions de potentiels consommateur, le Bénin gagnerait à beaucoup produire. Sinon, une fois encore, notre pays ne profitera pas d’une ultime occasion que lui offre sa proximité avec le géant de l’Est.
Au contraire, il se fera phagocyter par une population plus entreprenante et qui, désormais, est portée vers la production. C’est pour cette raison que dans la dynamique des vivriers récoltés en surplus cette année, le Bénin doit rester. Alors, pour une croissance économique soutenue, c’est le moment plus que jamais de concentrer les énergies en vue de multiplier les efforts pour percer le marché nigérian. Il suffira juste pour ça, d’exploiter au mieux l’instrument d’intégration dénommé ‘‘Poste de contrôle juxtaposé de Sèmè-Kraké’’.
Mais, là où il y a des avantages à tirer, les risques ne sont jamais loin. Et probablement, si on n’y prend garde, les effets pervers de la facilitation des procédures de transport entre le Bénin et le Nigeria s’accumuleront sur le plan sécuritaire. Déjà, qu’avec la nouvelle donne, il faut s’attendre à une densification des échanges commerciaux et à beaucoup plus de déplacements de part et d’autre, il va sans dire que des gangsters tenteront de flairer les bons coups. En définitive, après ce poste de contrôle juxtaposé, le mot d’ordre qui vaille, à tous les niveaux, c’est ‘‘Vigilance’’. Et ça, il faut davantage le demander à nos flics.



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