Editorial : Hélas…encore Lassa !

Angelo DOSSOUMOU 10 décembre 2018

Fièvre hémorragique à virus Lassa. Au Bénin, cette épidémie qui, depuis quelques années, a la très vilaine manie de s’inviter pour troubler la quiétude des populations, on ne la connaît que trop bien. Malgré tout, du côté de Parakou et en provenance du Nigeria, elle est encore au rendez-vous avec un cas détecté et confirmé. En dépit de l’isolement de la patiente, de sa mise sous traitement spécifique et de la surveillance des personnes qui ont été en contact avec elle, il y a un retour qui nous oblige à rester sur nos gardes.
D’ailleurs, c’est la période des fêtes de fin d’année et de mouvements plus fréquents des populations dans les zones frontalières. Alors, dans un contexte où ça bouge beaucoup, cette alerte tombe à pic. Ainsi, pendant que l’assainissement et l’hygiène occupent le devant de l’actualité, il ne dépendra que de chacun de nous, si on en reste vraiment là. Sans vouloir donc créer la psychose, rappelons-nous que, quand le virus Lassa apparaît ou se fait même signaler, certaines bonnes habitudes ne doivent plus faire défaut. Ce qui veut dire, la prévention et surtout la prévention. Car, on ne le dira jamais assez, le mal s’évite de loin. Pour être plus clair, obligeons-nous à ne pas jouer avec le feu et à devoir affronter un virus qui a du plaisir à multiplier ses victimes.
Avant tout, il est à savoir pour ceux qui l’ignorent que les symptômes du virus Lassa se résument en des fortes fièvres avec vomissement, fatigue et diarrhée. Dès un diagnostic de ces signes sur un patient, la meilleure conduite, c’est de l’orienter dans un centre hospitalier de référence. Pour qu’on n’en arrive pas à cette extrémité, il n’y a pas mille solutions. En dehors des dispositions que prennent les autorités sanitaires pour contrôler l’épidémie, chacun à son niveau doit observer les mesures préventives. Il s’agit essentiellement de toujours se laver les mains avant de manger, d’éviter la consommation et la manipulation des rats, de bien couvrir les aliments. Enfin, on parle d’une épidémie et, tout contact avec une personne suspecte ou malade est une porte ouverte à la contamination.
En somme, si au Bénin, nous avons l’hospitalité légendaire, n’oublions surtout pas que, par ces temps qui courent, il y a un mal qui, à tout moment, peut s’inviter d’un foyer externe incontrôlé. Généralement, ce sont certaines localités du Nigeria qui sont indexées. Mais, ça peut aussi venir de partout. Par conséquent, restons vigilants et ne nous laissons pas prendre à défaut par le virus Lassa.
Malheureusement, à l’état actuel, on ne peut pas en dire de même du système de surveillance des épidémies au Bénin. Il est vrai qu’avec des frontières poreuses, ce n’est jamais évident. Cependant, force est de constater que depuis 2014 que le Virus Lassa est apparu au Bénin, aussitôt chassé, il ne tarde pas à revenir au galop. D’où, au plan institutionnel et médical, il y a encore des efforts à accomplir notamment en ce qui concerne la communication et le diagnostic. En attendant, n’oublions pas qu’un homme prévenu en vaut deux…



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