Editorial : L’obscénité à tout-va !

Moïse DOSSOUMOU 1er février 2018

Cette vidéo a fait le buzz. Les internautes et les fanatiques des réseaux sociaux se sont régalés. A cœur joie, ils en ont assuré la promotion. Les deux adolescentes qui en sont les actrices principales sont devenues célèbres et assimilées à des dévergondées. Etait-ce leur objectif ? Certainement non. Ce qui apparaissait à leurs yeux comme un jeu d’enfant, une folie d’un instant, une blague, un délire de jeunesse a pris les allures d’un cauchemar. Leur acte a priori banal dans un cadre privé a pris des proportions inquiétantes dans l’espace public à telle enseigne qu’elles ont fait des émules. D’autres adolescents, tentés par l’aventure, se sont jetés à l’eau. Depuis, des vidéos similaires mettant en exergue des types de préliminaires à l’acte sexuel particulièrement prisés, circulent et affolent les « vues » sur les réseaux sociaux.
Comme si cela ne suffisait pas, un peu comme pour s’associer à ce libertinage en vogue, deux jeunes filles domiciliées dans la capitale, ont apporté du piquant au débat. Des séries de vidéos obscènes où se disputent des injures à peine imaginables et des aveux d’une vie de débauche de part et d’autre sont à leur actif. Nullement soucieuses d’écorcher la morale ou de nuire aux bonnes mœurs, elles ont du plaisir à être ainsi tristement en vedette. L’une et l’autre rivalisent d’ardeur pour infliger le maximum de torts à sa rivale devenue par la force des choses une ennemie à abattre. Difficile de comprendre comment elles sont parvenues à ce seuil pour des motifs aussi bas, aussi futiles, aussi vulgaires. Comment notre société traditionnellement pudique et réservée sur les questions sexuelles a pu tomber aussi bas ? Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que les plus jeunes fassent du sexe leur préoccupation et occupation de tous les instants ?
Qu’est devenue la famille ? Première cellule de la société, la famille faillit à ses devoirs. De l’enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence, une attention de tous les instants doit être accordée aux plus jeunes. Au fur et à mesure qu’ils prennent de l’âge, les enfants développent de nouveaux besoins d’ordre affectif, ressentent des envies, s’engagent dans des sillages controversés. Sans un minimum d’écoute et d’accompagnement, ils sombrent très vite dans les dédales de la perversité. Les parents, absents la plupart du temps et occupés à assurer le bien-être matériel de leurs progénitures, ignorent tout du drame qui se déroule sous leurs yeux et, un beau jour, le scandale éclate. D’autres, bien que présents et disponibles ont du mal à susciter le débat autour des questions sexuelles. Incapables de créer un climat de confiance avec leurs enfants, ils s’en remettent naïvement à la Providence.
L’école censée prioritairement être un lieu d’éducation est devenue exclusivement un lieu d’instruction. Il est donc normal que mal ou sous informés, les adolescents et les jeunes s’abandonnent à leurs instincts et commettent l’irréparable. Les religions aussi ne facilitent pas l’accès à la bonne information sur la sexualité, car, la plupart du temps, elles se contentent de condamner, d’interdire, de menacer au lieu d’expliquer et de rassurer. Les auteurs des vidéos incriminées sont plutôt à plaindre, elles sont victimes de l’hypocrisie générale et de la démission collective des acteurs censés les encadrer et les préserver contre ces genres de dérives. L’internet et l’expansion des réseaux sociaux aussi favorisent le laisser-aller généralisé. Heureusement que l’Université catholique a compris que la solution n’est pas l’exclusion des adolescentes en question, mais plutôt leur réarmement moral. C’est à cette tâche exigeante mais exaltante que sont conviés parents, éducateurs, responsables religieux et traditionnels et la société dans son ensemble.



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