Editorial : La nécessité d’une opposition !

Moïse DOSSOUMOU 30 avril 2014

Le département de l’Alibori est le moins scolarisé au Bénin. L’opinion publique en a été informée le week end dernier au cours d’une sortie de l’Union fait la nation à Kandi. Bruno Amoussou, incisif dans ses propos, ne s’est pas fait prier pour apporter la nouvelle. Preuves à l’appui, il s’est fait le défenseur de l’école béninoise au nom des habitants de cette circonscription administrative. La moyenne nationale du taux brut de scolarisation est de 120. De 2006 à 2012, le calcul de ce taux donne 67,5 pour le département de l’Alibori. En outre, la moyenne nationale d’élèves par classe est de 43,2. L’Alibori dépasse largement ce chiffre et affiche 61 au compteur. De plus, sur le plan national, la moyenne est de 44 élèves par enseignant. Mais dans l’Alibori, chaque enseignant doit encadrer 62 élèves.
Désormais, tout le monde est fixé et chacun sait à quoi s’en tenir. Cette révélation est, à n’en point douter, un coup dur pour les cadres et personnalités politiques de cette région du pays largement acquis à la cause du gouvernement. Occupés à dresser le tapis rouge au chef de l’Etat, ils ne se sont pas rendu compte de cette malencontreuse situation. Heureusement que l’opposition, pour une fois, veillait au grain. Plus encore, les populations qui ne se lassent pas de soutenir le régime en place sont en droit de se poser des questions légitimes.
Maintenant que le pot aux roses a été découvert, il faut nécessairement corriger le tir. C’est vrai que depuis 2006, le pouvoir du changement qui s’est mué en refondation a investi des sommes colossales dans le secteur de l’éducation. Si malgré ces efforts, la réalité demeure un casse-tête pour les apprenants et leurs enseignants logés dans ce département, c’est qu’il y a encore du boulot. L’autosatisfaction ne saurait donc être au rendez-vous. Il faut au contraire se remettre en cause afin d’engager des actions à même d’améliorer substantiellement le quotidien des élèves et de leurs éducateurs qui ont hérité, en tout cas pour ce qui est de l’Alibori, de la portion congrue.
C’est évident que tout n’est pas rose dans les autres départements. Les plaintes quasi permanentes des différents acteurs qui interviennent dans le secteur de l’éducation le prouvent. Si cette sortie de l’opposition peut inciter le gouvernement, en l’occurrence les ministres en charge de l’éducation nationale, à redoubler d’efforts, ce serait tant mieux pour l’Ecole béninoise. Dans le concert des marches de soutien et de remerciements, cela a échappé aux chantres du gouvernement. Maintenant, il leur revient d’agir.



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