Editorial : La résistance des cahiers d’activités !

Angelo DOSSOUMOU 2 octobre 2018

Une trouvaille et un business prospère pour les inspecteurs et certains enseignants associés, une corde au cou des parents. Communément appelé cahier d’activités, ce bouquin d’exercices, de méthodologie et de cours non autorisé continue de jouer à la résistance malgré l’interdiction du ministre de l’enseignement secondaire. Après la mort décrétée des Td, c’était sans doute l’incongruité essentiellement introduite dans le système éducatif à des fins commerciales à éradiquer. Et, avec lucidité, l’autorité compétente a perçu le danger et pris ses responsabilités.
Ainsi, dans une note circulaire en date du 24 septembre 2018, le ministre Kakpo Mahougnon a formellement interdit l’usage des fameux cahiers d’activité et autres documents non autorisés au titre de supports didactiques. Dans la pratique, il est revenu à qui de droit que les enseignants en imposent l’achat aux élèves et s’abstiennent de préparer leurs cours. Au finish, comme on pouvait s’y attendre, c’est l’aspect commercial qui a pris le pas sur l’utilisation éducative de ces cahiers d’activités.
Justement, c’est tenant compte des désagréments causés aux parents à chaque rentrée et de l’impact négatif sur la réflexion des enseignants et sur les résultats des élèves aux différents examens que le ministre Mahougnon a sorti sa dernière note circulaire. Mais hélas ! Sur le terrain, c’est comme si elle n’a jamais existé. Allègrement, les cahiers d’activités se vendent, s’achètent et s’imposent. Que ça soit dans le public ou le privé, jusqu’ici, le corps enseignant passe outre l’injonction du ministre.
Finalement, il est à se demander si le timing n’en est pas pour beaucoup dans cette indifférence. Car, tombée le 24 dernier, la note circulaire n’a pu malheureusement précéder la rentrée scolaire. Conséquence, elle n’existe que de nom au grand dam du ministre qui pourtant attachait du prix au respect sans faille de ses prescriptions.
Cependant, il est à souligner qu’avec l’enseignement selon l’Approche par compétence, la méthodologie serait tout autre. A la vérité, au fil des années, les éducateurs se sont familiarisés à ces cahiers d’activités qui leur facilitent la vie et leur permettent de faire quelques économies qu’ils conçoivent mal de s’en départir, du jour au lendemain. Et comme, par nature, le Béninois est réfractaire aux réformes, il va falloir que le ministre trouve une stratégie plus coercitive pour avoir gain de cause.
De toute manière, avec les cahiers d’activités, ce sont à ces deux aspects que s’accroche le corps enseignant. De leur côté, les parents d’élèves longtemps mis sous pression à cause des exigences autour de leur achat, s’impatientent de l’effectivité de la mesure. En somme, en vain, le ministre Kakpo Mahougnon a mis de l’eau à la bouche d’une bonne partie de ses concitoyens. Pendant ce temps, toujours attachés à leurs cahiers d’activités et en dépit d’une injonction ministérielle, les enseignants se la coulent douce. Maintenant, dans une guerre froide qui ne dit pas son nom entre acteurs du monde éducatif, reste à savoir qui l’emportera ? Et comme ce n’est pas une affaire d’ego, peut-être encore, dans l’intérêt de tous, un consensus se dégagera. Mais avant, une décision a fait flop, et au ministre Mahougnon d’en tirer les conséquences.



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