Editorial : Le calvaire du passeport

Moïse DOSSOUMOU 1er juin 2016

Les Béninois de la diaspora souffrent le martyr. Dès que vient à expiration le passeport ordinaire avec lequel ils se sont rendus en territoire étranger, il leur faut souffler le chaud et le froid pour établir le passeport électronique entré en vigueur il y a quelques mois sur la demande pressante de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Contrairement aux années antérieures où le renouvellement de ce titre de voyage pouvait se faire par l’entremise des ambassades et consulats, sans qu’il soit un impératif pour les émigrés de se rendre au pays, cette fois-ci ils sont tenus de le faire, faute de quoi, ils ne pourront pas se faire établir ce précieux document. Depuis quelques temps, les grognes et plaintes en provenance des Béninois de la diaspora s’amplifient. C’est en effet trop leur demander que de les obliger à prendre un avion pour se faire délivrer un document qui ne coûte que trente mille francs.
Par crainte de devenir des sans-papiers avec tous les ennuis qui accompagnent ce statut, beaucoup ont dû claquer leurs économies, accumulées au prix de nombreux sacrifices pour s’offrir le voyage afin de se faire établir le passeport électronique. Opter pour l’émigration n’est pas déjà une décision facile. Si en plus de cela, il faut faire face à des difficultés de cet ordre pour poursuivre son séjour loin de son pays afin de s’offrir une place au soleil, le cercle vicieux de la pauvreté auquel ils tentent de s’échapper les maintiendra toujours dans la précarité. La situation insoutenable qui est celle de nos compatriotes de l’extérieur se détériore chaque jour un peu plus. Les voix, naguère inaudibles, ont commencé par s’élever.
Récemment, un groupe de Béninois vivant en Allemagne a exprimé au ministre des affaires étrangères leur amertume de ne pouvoir se faire renouveler leurs passeports sur place. Une préoccupation largement partagée par la cohorte de nos compatriotes qui ont commis le crime de s’établir sous d’autres cieux. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, pendant que d’autres Etats se décarcassent pour alléger les peines de leurs ressortissants à l’étranger, le nôtre se fait désirer pour trouver une solution à ce problème. Mais selon quelques indiscrétions qui émanent de la direction de l’émigration et de l’immigration, la police n’attend que le quitus du gouvernement pour déployer des dispositifs dans certaines ambassades clés.
C’est d’ailleurs là que réside la solution à ce problème latent. Déployer le matériel requis dans certaines représentations diplomatiques suffit pour que nos compatriotes ne soient pas obliger de solliciter des congés et parcourir des milliers de kilomètres pour se faire renouveler leurs passeports. Dans les différentes parties du globe, selon la densité de la population béninoise, il est possible de procéder à l’enregistrement des intéressés afin de limiter les déplacements onéreux. A l’heure du numérique où les Technologies de l’information et de la communication sont en pleine expansion, notre pays ne peut se permettre de rester en marge de ce processus. La police a visiblement pris la mesure de l’enjeu. Reste la partition du gouvernement. Car il est de son devoir de protéger ses ressortissants et de leur prêter main forte partout où besoin sera.



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