Editorial : Le come-back de la révision !

Angelo DOSSOUMOU 30 octobre 2019

En procédure d’urgence, pour une demande d’étude, la Constitution du 11 décembre 1990 fait un énième retour au parlement. Après deux cuisants échecs sous la 7ème législature, les députés actuellement logés au Palais des gouverneurs surfent sur les recommandations du comité des experts au dialogue politique, pour passer à l’attaque. Du moins aux dernières nouvelles, 10 d’entre eux ont pris les devants pour acter l’actualisation de notre loi fondamentale aux réalités de l’heure. D’ailleurs, depuis quelques jours et vu l’imminence du délai de validité du protocole de la Cedeao en ce qui concerne des lois électorales, il fallait s’y attendre. Et donc, la voie royale étant largement ouverte au parlement pour qu’enfin, notre Constitution perde sa virginité, difficile de s’imaginer que des députés réformistes boudent leur plaisir.
A première vue, leur demande d’étude en procédure d’urgence, ils devraient l’avoir. Sans surprise, le toilettage tel que recommandé par le comité d’experts et peut-être même plus, passera. D’ores et déjà, les femmes longtemps lésées dans les partis politiques peuvent jubiler et ceux qui ont une belle voix peuvent même entonner le requiem des élections cycliques et coûteuses. Pour toutes ces innovations positives, d’aucuns vous diront : ‘‘à quelque chose malheur est bon’’. Car, quoi qu’il en soit, on n’oubliera jamais que c’est des œufs cassés que l’omelette aura été obtenue. Sinon, au regard du culte voué à la Constitution du 11 décembre 1990 et de la logique d’empêcher l’adversaire politique d’y toucher, au grand jamais, un accord n’était envisageable. Mais là, je parie que pour la révision de la Constitution, l’heure a vraiment sonné. Et sauf miracle, cette fois-ci sera la bonne.
Maintenant, nous ne sommes qu’à l’étape d’une demande d’étude en procédure d’urgence et d’ici à là, tout peut arriver à l’hémicycle. A l’étape des débats de fond sur la loi modificative de la Constitution du 11 décembre 1990, il n’est pas exclu, même s’ils appartiennent tous à la mouvance présidentielle, qu’entre les deux blocs qui siègent à l’Assemblée nationale, des clashs surviennent. En plus, le secret des votes est un paramètre à prendre en compte. Bien vrai que s’il devait avoir une consultation divinatoire sur une éventuelle minorité de blocage, la réponse est connue d’avance.
Mais au Bénin, la politique n’a jamais été une science exacte. Alors, attention à ne pas jeter la hache avant la cognée. D’un autre côté, pour l’instant, rien ne dit que les députés dans leur élan de mettre notre loi fondamentale au goût du jour, donneront satisfaction au chef de l’Etat. A ce niveau, on sait les conditions posées avant toute promulgation. Reste à voir si les députés s’y soumettront. Autrement, la révision passera comme une lettre à la poste et sur le Bénin démocratique, un nouvel horizon s’ouvrira.
Au finish, tout est réuni pour contourner tous les obstacles qui ont, jusqu’ici, empêché de retoucher à certaines dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990. Seulement, il est à souhaiter que les députés ne s’écartent pas d’une vision avant tout progressiste du jeu démocratique et développementaliste. Sur ce, prions afin qu’ils soient bien inspirés lors de la phase des débats et des amendements qui ne ratera certainement pas. A mon avis, quand on sait que c’est sur leurs épaules que reposera, dans les prochaines semaines, la fiabilité des modifications apportées à notre Constitution, alors, pour la bonne cause, qu’ils fassent selon leur conscience. Tout bien pesé, la vie n’est pas statique. Alors bougeons mais bougeons bien.



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