Editorial : Le défi de la propreté urbaine

Moïse DOSSOUMOU 13 juillet 2016

L’édition 2016 de la fête nationale approche à grands pas. Le 1er août prochain, le Bénin célèbrera le 56ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Comme c’est le cas depuis le 1er août 1960, les pouvoirs publics s’activeront pour donner un cachet spécial à cet événement. Depuis 2002 où le processus de décentralisation a été mis en branle chez nous, les communes prennent une part active à l’organisation de cette fête. C’est ainsi que chaque année, les services techniques de nos municipalités s’activent dès la deuxième moitié du mois de juillet pour procéder au nettoyage des principales artères de nos cités. Les abords des rues sont nettoyés et peints, la chaussée est balayée, les travaux de désensablement s’intensifient, les tas d’ordures qui naguère jonchaient le sol sont enlevés et les villes donnent l’impression d’être salubres.
Malheureusement, ce bluff, puisque c’en est un, ne dure que le temps d’un clignement de paupières. Sitôt après la clôture des manifestations, l’insalubrité et la mauvaise hygiène reprennent leurs droits. Les mauvaises odeurs, les détritus, les eaux stagnantes, les tas d’ordures, l’encombrement anarchique des trottoirs se font remarquer à nouveau et il en est ainsi jusqu’à la prochaine édition de la fête nationale. Contrairement à certaines villes africaines et même de la sous-région, les communes béninoises sont citées parmi les plus insalubres. Elles ne font leurs toilettes que lorsqu’il y a un événement. Sinon, en temps normal, en l’absence de toute manifestation publique qui requiert un minimum d’esthétique, il ne fait pas bon de s’aventurer sur les artères publiques.
Outre la collectivité publique qui refuse de prendre le taureau par les cornes, les ménages ne sont pas exempts de reproches par rapport à cette situation singulière. Ce sont eux, en effet, qui sont les principaux producteurs de déchets, et au lieu de solliciter les services des Organisations non gouvernementales (Ong) spécialisées dans la pré-collecte des ordures ménagères, ce sont les terrains abandonnés ou les caniveaux à ciel ouvert qui tiennent lieu de dépotoirs. Comme si cela ne suffisait pas, les citadins ne se posent pas mille et une questions avant de se débarrasser des déchets qu’ils produisent lors de leurs déplacements à travers les villes. L’absence de poubelles ne suffit pas à expliquer ce laisser-aller car même dans les rares endroits où les poubelles existent, les Béninois préfèrent jeter leurs déchets à même le sol, comme pour dire que la puissance publique se chargera du nettoyage.
Outre les citoyens récalcitrants qui ne facilitent pas la tâche aux services techniques des mairies, le service public a suffisamment montré ses limites en matière d’assainissement et de promotion de l’hygiène. Il appartient en effet aux mairies de veiller au maintien de l’hygiène et de la salubrité publique notamment en luttant à temps et à contretemps contre l’insalubrité, le dépôt des ordures ménagères sur la voie publique, l’ensablement de la chaussée, le curage régulier des caniveaux… La promotion des règles d’hygiène participe aussi de la préservation de la santé publique car la propreté éloigne plusieurs maladies. Mieux, il fait toujours bon vivre dans une ville propre et attrayante que dans une cité insalubre où les déchets disputent la place aux habitants. C’est bien de veiller à la salubrité dans le cadre de la fête nationale, mais c’est encore mieux d’en faire un état permanent le long de l’année, afin que la propreté urbaine soit désormais la règle et l’insalubrité, l’exception.



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