L’initiative prise par les structures ad hoc de l’Etat pour promouvoir la consommation de la production locale en est à la cinquième édition. Depuis l’année 2019, tout le mois d’octobre est dédié à la mise sous les projecteurs des produits locaux.
Au regard des différents moyens déployés et en considérant le bilan de ce quinquennat d’activités, on est tenté de dire que l’idée n’est pas mauvaise. Parce que le plus long voyage commence par un premier pas et que « Le mois du Consommons local » a déjà effectué plus d’un pas. Sauf que, de la coupe aux lèvres, il y a loin, même si c’est une directive sous régionale qui en est l’origine. Pour cerner et comprendre les défis du « Consommons local », il faut connaitre les fondements des habitudes extraverties.
Les fondements du mal
Les habitudes de consommation au Bénin ont évolué en fonction de plusieurs facteurs dont, premièrement, le discours colonial et les modèles imposés ou habilement « suggérés » par le colon, qui ont fini par s’installer, pour le plus grand bénéfice des fabricants et des industries de l’hexagone.
Deuxièmement, La croissance économique a favorisé l’émergence d’une classe moyenne qui a adopté de nouvelles habitudes de consommation, avec une demande accrue pour les produits importés.
Troisièmement, l’urbanisation accélérée a modifié les modes de vie et les habitudes alimentaires. Les consommateurs urbains ont tendance à privilégier la commodité et les produits pré-emballés.
Quatrièmement, les jeunes Béninois sont de plus en plus connectés et influencés par les tendances mondiales. Ils sont à la recherche de produits innovants et de marques qui correspondent aux nouvelles tendances. Sans occulter l’impact direct ou indirect de la publicité et du marketing.
Les défis de l’heure
Pour dire les choses sans langue de bois, il est constant que si l’on organisait aujourd’hui une foire des produits importés un mois durant, le nombre d’exposants et de visiteurs exploserait et il faudrait prévoir un espace au moins dix fois plus grands que celui où se tient la foire du « Consommons local », pour abriter l’événement.
C’est illogique que nous soyons des amateurs des produits d’importation, donnant la priorité aux plaisirs raffinés de table, aux bijoux et vêtements de marque, aux sacs et chaussures hors de prix, aux meubles et matériels électroménagers dernier cri, aux soins de santé dans des établissements sanitaires de référence, à des voitures de dernière génération, alors que nous nous soucions assez peu d’assurer une qualité de production qui comble nos attentes.
Dans ce contexte, il faudra plus qu’un mois de promotion dans l’année pour inverser la tendance. Il faut former des techniciens capables de produire tout ce que nous consommons, du contenu de nos assiettes aux voitures avec lesquelles nous nous déplaçons. Cela ne se fera pas en quelques années, mais il faudrait déjà commencer par prendre conscience des vrais défis du « Consommons local », pour planifier un seuil de remise en question de la tendance actuelle.
Anicet OKE
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