Editorial : Occasion manquée !

Angelo DOSSOUMOU 21 novembre 2019

Des sourires et une accolade entre Patrice Talon et son prédécesseur. Cette image, ne serait-ce que pour calmer les esprits et tracer de nouveaux sentiers pour la paix, les Béninois l’ont vraiment espérée hier au Palais de la Marina. Mais hélas ! Ils se contenteront juste de savoir, qu’une promesse présidentielle a été tenue, que l’amnistie est effective et que Boni Yayi a réellement fait son retour au Bénin. Mieux, il a eu le temps de faire son show entre bain de foule et visites qui lui tenaient à cœur. Seulement, il était partout sauf là où il était le plus attendu. Libre à lui, c’est son choix. Ce qui est sûr, après ce dribble de son prédécesseur, l’histoire retiendra que pour le dégel, Patrice Talon a fait le plus dur : joindre l’acte à la parole.
Par contre, j’imagine l’embarras de la délégation accompagnatrice de la Cedeao. Pour les mains tendues, les exhortations à la paix et le ballet diplomatique d’avant un retour, elle a fait le déplacement de Cotonou. Mais, c’est sans compter sur un faux-bond qui démontre que l’eau n’a pas fini de couler sous le pont. Car visiblement, ce qui divise l’ancien et l’actuel locataires de la Marina est plus fort qu’on ne le pense. A mon avis, de cet égo boycotteur d’une rencontre prévue et négociée, il faut retenir que la ruse joue des tours à la paix et que demain n’est pas la veille d’une réconciliation sincère entre Talon et Yayi. Je veux bien comprendre cette rancœur viscérale née des législatives exclusives. Mais, il y a des occasions où il faut apprendre à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Celle d’hier à la Marina en était une. Mais, pour une paix durable au Bénin, j’espère que ce n’est que partie remise.
Quoi qu’il en soit, pour plus de sérénité à nos différentes populations et l’unité nationale au service du développement, l’un des protagonistes majeurs de la crise post-électorale des 1er et 2 mai derniers a montré sa bonne foi. Manifestement, lui est toujours disposé à garder sa main tendue. De toute façon, un peuple mature comme le nôtre ne vise que la paix et le pain. Alors, un leader soucieux de notre mieux vivre ensemble, ne peut se soustraire de ce devoir républicain. C’est pourquoi, en dépit de tout, Yayi est non seulement le bienvenu sur la terre de ses ancêtres mais aussi, avait l’impérieuse obligation de faire fi de son état d’âme pour parler ‘‘paix’’ avec son successeur.
A vrai dire, forclos pour la présidentielle et conscient que d’une reprise des législatives de 2019, il n’en sera plus question, je vois mal en quoi un continuel bras de fer avec son ancien ami lui profiterait. De plus, les populations avisées, lassées par une politicaillerie qui a enseveli des espoirs et endeuillé des familles, leurs légitimes aspirations est de tourner une triste page et d’aller de l’avant. Honnêtement, c’est dans cette dynamique qu’on aimerait voir Talon et Yayi. Pas pour perpétuellement nous servir, et même aux émissaires de la Cedeao, des films de ‘‘cow-boys’’. Et donc, si nous ne sommes pas des pyromanes et que nous aimons vraiment ce pays, disons à Talon et Yayi qu’il est l’heure de nous asseoir pour regarder un bon ‘‘Novelas’’. Peu importe qu’ils jouent aux acteurs, si les cœurs s’en portent mieux, ils auraient été utiles à quelque chose. Autre chose, ne serait que du vent.
En définitive, pour sceller une paix durable et travailler à la reconstruction de notre pays, il n’y a plus de temps à perdre. Alors, à l’école du sage Félix Houphouët-Boigny, j’aimerais convier tous les Béninois. Eh oui ! La paix n’est pas un mot, mais un comportement. Une fois encore, chacun de son côté, tâchons de nous en souvenir.



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