Editorial : Osc, veille en somnolence !

Angelo DOSSOUMOU 9 décembre 2019

Dans le rôle d’un arbitre impartial et qui ne laisse passer aucune faute des adversaires politiques contre le développement, on aime voir les Organisations de la société civile. Pour débusquer le loup et inciter à une gouvernance optimale, elles n’ont pas d’équivalence. Pour ces raisons, au Bénin, les Osc spécialisées dans la veille citoyenne ont longtemps fait la pluie et le beau temps. Mais, depuis quelques années, leur aura et leurs actions sont sur une pente descendante. Pas qu’elles ne se prononcent plus. Mais moins que par le passé, l’écho de leur voix est audible. Dans un environnement sociopolitique marqué par des réformes tous azimuts, l’impression générale qui se dégage est qu’elles ont beaucoup perdu du terrain.
Du moins, entre cette société civile proactive, présente sur tous les grands sujets relatifs à la vie de la Nation et celle d’aujourd’hui, très amorphe, deux mondes nous séparent. D’ailleurs, par rapport à cette visibilité en perte de vitesse, rien ne devrait nous étonner. Car, dès lors que nombre d’acteurs majeurs des Osc ont troqué leur veste pour celle des politiciens, la sécheresse a eu raison des initiatives, des positions objectives et d’un dynamisme qui produisait des résultats. Finalement, sans des personnalités qui avaient de la carrure et donc de l’influence, la pression des Osc sur les gouvernants est désormais lettre morte. Pourtant, pour soutenir la démocratie et lui donner des couleurs plus éclatantes, leur son de cloche est indispensable. C’est pourquoi, si la situation en est ainsi, nous devons nous inquiéter et appeler de tous nos vœux, à l’éveil des Osc réalistes et non partisanes au Bénin.
En vérité, si leur veille est fragilisée, c’est surtout en raison de leurs rapprochements incestueux avec les acteurs politiques. Pas besoin de faire un dessin pour le démontrer. Mais, cet état de chose a fait énormément perdre le crédit confiance qui, normalement, devrait être accordé aux Osc. Aujourd’hui, malheureusement, elles sont vues comme des appendices des camps politiques. Alors, dans un contexte où elles sont étiquetées, même le peu de bonnes actions opérées passe inaperçu. C’est dire qu’avant tout, les acteurs de la société civile, engagés dans la veille citoyenne doivent gagner le combat de la crédibilité. Sinon, on aura beau tout dire, le réveil sera tardif et la descente dans les profondeurs de l’inutile inexorable.
Or, pour un certain équilibre dans la gouvernance, il est impérieux d’avoir des Osc qui pèsent véritablement dans la balance. Autrement, sans des arbitres crédibles ou avec ceux qui ne sifflent que pour du beurre, notre démocratie se résumera à un combat de chiffonniers. A mon avis, le paramètre Osc qui booste davantage la gouvernance au Bénin est à repenser. Ce qui est sûr, elles ne doivent pas être des garnitures dans l’environnement sociopolitique et pour ça, prions pour leur renouveau.
En définitive, il n’est pas exagéré d’affirmer que la société civile engagée dans la veille citoyenne se retrouve être aujourd’hui un poids plume dans le combat de la bonne gouvernance. Sans doute, elle a besoin de se remettre en cause mais surtout de rebondir pour ce plus qui manque dans l’appréciation des enjeux de développement. De toute façon, la traversée de désert se fait longue. Alors, vivement ce nouveau souffle pour des Osc qui comptent vraiment.



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