Editorial : Péages versus péripéties !

Angelo DOSSOUMOU 10 juillet 2018

Ça gronde et ça s’excite pour des tarifs révisés. Depuis des jours, les tarifs aux différents postes de péage ont été multipliés par deux et la polémique enfle. Morosité aidant, les nouveaux montants enflamment la République et les dirigeants sont accusés de tous les péchés d’Israël. Adepte de mesures et de réformes qui pompent les poches, l’insensibilité du régime en place est mise en exergue par ses détracteurs.
Seulement, l’avenir embarrasse celui qui méconnaît le passé. Sans aucun doute, les usagers de la route inter-Etats Cotonou-Parakou se rappellent toujours, comme hier, que pendant plusieurs années, pour se rendre au nord, ils étaient obligés de faire un contournement par Porto-Novo, Dangbo puis Adjohoun. Aujourd’hui, heureusement, le calvaire sur les voies Lokossa-Abomey et Cotonou-Parakou jadis totalement impraticables est un vieux souvenir. La carburation en surplus pour de contraignants contournements, un supplice que nul ne veut revivre. Même les amnésiques reconnaissent qu’à l’époque, en plus de tous les désagréments, il fallait également composer avec la fatigue, une insécurité permanente et pas mal d’accidents.
Alors, de deux choses, l’une. En lieu et place des vicissitudes d’hier sur nos routes, je serais surpris que les voyageurs et les transporteurs, s’ils en avaient eu le choix, n’auraient pas préféré payer les prix actuellement exigés aux différents postes de péage. Certes, la vie est dure et débourser un kopeck de plus que d’habitude ne fait plaisir à personne. Mais, quand sur la balance, ils ont une tonne de péripéties sur un court périple contre un peu plus d’argent à débourser, le choix est vite fait.
C’est dire qu’a priori, aucun Béninois lucide ne devrait rechigner à s’acquitter de sa contribution pour la construction et la réfection des infrastructures routières. Et parlant des tarifs exagérés, ils n’ont certainement pas été fixés sans, au préalable, une étude et surtout la prise en compte du contexte économique difficile. Bien vrai, aucune explication ne fera oublier aux Béninois que les temps sont durs. Mais, quand en même temps, le pays nous appelle à songer au développement de nos axes routiers, il ne reste qu’à prendre notre courage à deux mains pour un sacrifice qui, forcément, à l’avenir, sera profitable à la Nation.
En définitive, la révision à la hausse des prix aux différents postes de péage ne vise qu’à éviter le triste souvenir des routes à l’instar de celle d’Akassato-Bohicon. Et pour que de pareilles situations ne se répètent dans le futur, il y a un prix à payer. Qu’on le veuille ou non, il secouera les bourses. Mais, plutôt qu’une longue et agonisante souffrance physique et morale à emprunter les routes de la mort, et un piteux héritage laissé à nos enfants, acceptons de bon cœur de faire l’ultime effort pour donner du sens à la jarre trouée de Guézo.
Sinon, si on ne le fait pas, qui le fera à notre place ? D’ailleurs, comme un proverbe chinois le dit, si nous voulons être heureux jusqu’à la fin de nos jours, aidons les prochaines générations. Toutefois, je veux bien croire à une gestion transparente et à l’obligation permanente de compte rendu. Pour soulager les peines des populations et leur donner de bonnes raisons de ne plus rechigner, c’est un devoir et il faut le faire.



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