Editorial : Renouer avec les élections professionnelles

Moïse DOSSOUMOU 1er septembre 2016

Dix ans déjà que les élections professionnelles manquent à l’appel. Après les éditions de 2001 et de 2006, la machine qui devrait tourner à plein régime après deux essais fructueux est plutôt à l’arrêt. Les centrales et confédérations syndicales concernées au premier chef par cette élection attendent visiblement le gouvernement qui ne s’est pas encore décidé à poursuivre l’aventure. A plusieurs reprises, au cours de la décennie écoulée, ces consultations électorales ont été annoncées mais n’ont jamais pu être organisées. A chaque fois, des motifs peu convaincants ont été évoqués par les pouvoirs publics pour justifier les incessants reports de ce scrutin. Pendant ce temps, les représentants des travailleurs s’entredéchirent et s’autoproclament à tour de rôle leaders du monde syndical. L’ambiance à la Bourse du travail, au-delà des apparences, n’est pas des plus conviviales.
La guerre de chiffonniers à laquelle se sont livrés les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales avant-hier lors de la signature de la charte nationale du dialogue social est évocatrice du malaise dans lequel végètent les représentants des travailleurs. Les sept centrales et confédérations syndicales tirent chacune le drap de son côté toutes les fois qu’il est mis sur le tapis la question de leur représentativité. Chacune d’elle cherche à s’affirmer et à démontrer qu’elle est plus influente que toutes les autres. Le gouvernement d’alors prenait sans doute plaisir à voir les responsables syndicaux se tirer mutuellement dans les pattes. Sinon, les conditions auraient été réunies pour que la 3ème édition de ces élections se tienne. L’absence de volonté politique aidant, la situation est restée telle jusqu’à présent et rien ne présage de ce qu’elle sera corrigée dans les semaines et mois à venir.
En 2001, les premières élections professionnelles se sont déroulées à la grande satisfaction des travailleurs qui se sont prononcés en faveur des centrales et confédérations les plus représentatives. 5 ans plus tard, en 2006, ils ont à nouveau été conviés aux urnes. Le même scénario devait être répété en 2011, mais les services compétents du ministère du travail et de la fonction publique n’ont pas pu honorer le rendez-vous. Et depuis, c’est le statu quo. Arrivées en tête lors des dernières élections professionnelles, la Centrale des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) et la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) s prévalent, dix ans après, des mêmes résultats. Du coup, ces deux associations faîtières constituées de syndicats de base et de fédérations syndicales sont chaque fois animées par la volonté de damer le pion aux autres. Mais celles-ci refusent obstinément de se laisser piétiner.
Cette guéguerre a pris de l’ampleur il y a peu lors du renouvellement du mandat des membres du Conseil économique et social (Ces). La Cstb estimait qu’au vu des résultats des dernières élections professionnelles, il lui appartenait de désigner les représentants des travailleurs au sein de cette institution de la République. Mal lui en a pris. Les autres centrales se sont liguées contre elle et ont réussi à l’évincer. A quelques exceptions près, la même scène s’est produite avant-hier au cours de la cérémonie de signature de la charte nationale du dialogue social. La nécessité de la tenue de la 3ème édition de ces élections ne se pose donc plus, car il faut arrêter avec ces tiraillements sans fin qui finiront par détruire le peu d’harmonie existant entre les leaders syndicaux. C’est pourquoi le gouvernement du Nouveau départ est appelé à mettre fin à cette guéguerre au plus tôt en organisant dans les meilleurs délais les élections professionnelles. Le peuple saura à quoi s’en tenir quant à l’influence réelle de ces organisations sur la vie de la nation.



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