Editorial : Silence, Mètonou arrive !

Angelo DOSSOUMOU 27 novembre 2018

« La pollution sonore tue ». Pas de discussion autour. Scientifiquement, c’est prouvé. Ce n’est donc pas un hasard si, au Bénin, elle vient en tête des infractions environnementales dénoncées. Pourtant, elle est en perpétuelle croissance du fait d’un certain nombre d’activités. Cette triste réalité, le Procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou, Mario Mètonou ne l’accepte pas. Sur le terrain le week-end dernier, il a demandé aux responsables des églises et aux tenanciers des bars restaurants de cesser de perturber la quiétude des populations avec des sons hors normes. D’après les experts, ce sont des bruits qui, par exemple en agglomération, dépassent les 50 décibels.
D’ailleurs, dans nos Vons, églises et bars rivalisent d’ardeur pour arracher la palme du meilleur ‘‘ambianceur’’ sans aucun respect des tranches horaires. Pour ceux qui ne le savent pas, il y a des heures au cours desquelles, il est interdit de stresser les voisins avec des bruits. Et, connaissant la rigueur du Procureur, ce ne sont pas des paroles en l’air. Alors, même si l’habitude a fait que la plupart des victimes ne portent pas plainte, pour ne pas tomber sous le coup de la loi, les pollueurs devront insonoriser leurs bâtiments ou carrément ranger leurs appareils de sonorisation ou encore diminuer les décibels. Car, à part les églises et les bars qui, surtout en cette période de fête de fin d’année, sont les premières cibles du Procureur Mètonou, les propriétaires de scieries, de moulins et autres boutiques de vente d’articles devront aussi, en ce qui concerne l’émission de bruit, savoir à quoi s’en tenir.
Seulement, si l’anomalie a longtemps régné dans la cité, c’est parce que des responsabilités n’ont presque jamais été assumées. En réalité, le maintien de l’ordre et l’assainissement des villes est du ressort des mairies ou à défaut, de la préfecture. La logique aurait alors bien voulu que ce soit eux qui engagent cette lutte contre les acteurs de la pollution non seulement sonore mais aussi atmosphérique.
D’ailleurs, à mon avis, ça ne devrait pas être le rôle du Procureur de la République de descendre sur le terrain pour mettre en garde les populations. Mais, la nature a horreur du vide. S’il en est ainsi, souffrons que l’autorité judiciaire qui, en principe, ne doit pas manquer de sérieux dossiers sur sa table et dont la fonction est sacrée, soit obligée de se retrouver là où elle ne devrait pas. Mais, comme on dit par ici, peu importe celui qui donne le coup fatal, l’essentiel est que le serpent soit vraiment mort.
En définitive, sur un terrain préoccupant et glissant, le Procureur Mètonou avance à pas de charge. Au nom du bon voisinage et de la santé des populations, il est décidé à donner un coup de pied dans la fourmilière. Pour que désormais les textes aient leur raison d’être, des équipes vont régulièrement sillonner les quartiers de Cotonou pour un contrôle des décibels émis. A bon entendeur salut !



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