Editorial : Un coup d’épée dans l’eau

Moïse DOSSOUMOU 19 novembre 2014

Didier Ollé Nicolle est le bouc émissaire parfait désigné par le ministre de la jeunesse et des sports pour justifier les multiples et incessants échecs des Ecureuils. Sous le prétexte de la débâcle du onze national à Agadir le jeudi dernier, il n’a pas trouvé mieux que de congédier le sélectionneur, comme si les maux qui minent le football béninois pouvaient se résoudre sur un simple coup de tête. Si c’était ça la solution, la valse des entraîneurs qui se sont succédé à la tête de l’équipe nationale ces dernières années, aurait propulsé notre football dans le cercle des pays qui s’illustrent dans cette discipline sportive. Comment peut-on espérer faire merveille sur le plan international alors qu’on n’est pas capable d’initier et de pérenniser un championnat digne du nom ?
On avait cru que Safiou Idrissou Affo ferait mieux. Tout comme ses prédécesseurs, il ne fait que du surplace. Rien à se mettre sous la dent en termes d’apports qualitatifs à la gestion de notre football. Les mêmes égarements sont chaque fois préférés aux solutions durables. C’est à croire que l’intelligentsia béninoise ignore que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. La volonté politique censée redorer le blason du sport roi au Bénin ne se ressent que dans les discours. Quand il faut passer à l’action, elle n’existe plus. Et pourtant, ce ne sont pas les ressources, quoique modestes, qui manquent.
Tenez, dans un pays où le sport est à l’agonie, on organise chaque année à coût de millions la nuit de distinction des meilleurs sportifs. Un paradoxe qui ne peut prospérer que chez nous. Mieux, le ministère des sports et la fédération béninoise de football qui devraient travailler en synergie pour relever les défis qui s’imposent à eux passent le clair de leur temps à se tirer entre les pattes. Mais lorsqu’il s’agit de se réunir pour effectuer des voyages ou participer à des activités, l’harmonie s’installe aussitôt. La preuve, le ministère des sports et les divers regroupements qui s’intéressent aux différentes disciplines sportives se retrouvent ce jour à Lokossa pour procéder à la validation de la politique de sport au Bénin. Un conclave de plus qui ne sera bénéfique que pour les participants car les recommandations seront soigneusement rangées dans les tiroirs jusqu’à la prochaine occasion.
Des écoles de formation, le suivi de la carrière des joueurs, la mise en place des infrastructures, le financement du sport… sont, entre autres, les solutions durables qui existent et qui ont fait leurs preuves ailleurs. On ne réinvente pas la roue. Tant qu’on n’aura pas un visionnaire qui agira, non pour sa gloire et ses intérêts immédiats, mais dans le sens d’un véritable développement du sport, le Bénin ne pourra pas espérer faire valoir ses talents en la matière. En attendant, nos jeunes joueurs, toutes catégories confondues, continueront de s’exprimer sur les terrains de fortune des villages et quartiers de ville, sans espoir de lendemains meilleurs.



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