Editorial : Victoire sans saveur !

Angelo DOSSOUMOU 18 novembre 2019

De ce match, les Béninois ne retiendront que deux choses, l’hirondelle Jodel Dossou qui, presque à lui tout seul, a fait le printemps du côté du stade Charles de Gaulle de Porto-Novo et les trois points de la victoire. C’est l’essentiel à retenir de la deuxième sortie des Ecureuils dans la course pour décrocher l’une des deux places qualificatives à la Can Cameroun 2021. Et si d’aucuns peuvent se satisfaire de ce résultat, personnellement, sur cette prestation, le onze national m’a laissé sur ma faim. Très approximatifs dans certaines phases de jeu surtout en deuxième partie, certains de nos joueurs ont carrément semblé manquer d’envie. Sans doute la trop forte chaleur et les poils laissés au Nigeria ont eu raison de la volonté d’en découdre plus sérieusement avec les Lone Stars.
Car, ne l’oublions pas. Nous sommes dans un championnat et dans notre groupe où le Nigeria est le grand favori, devant nos adversaires directs que sont la Sierra Leone et le Lesotho, il faut non seulement gagner mais, avec la manière. Malheureusement, Jodel Dossou était trop seul pour creuser l’écart et conforter notre deuxième place au classement du groupe L. Même si je n’appréhende pas notre capacité à bien voyager et à faire des résultats à l’extérieur, il est clair qu’une occasion d’envoyer un signal fort à nos adversaires a été gâchée. D’ailleurs, dans les dernières minutes, je n’ai jamais compris cette envie de se contenter de ce score étriqué. Sinon, sur ce que j’ai vu des Lone stars, avec des Ecureuils plus frais, plus en jambe et plus motivés, il y avait possibilité de faire mieux. D’ailleurs, il le faut, si tant est que l’objectif est d’être présent au Cameroun en 2021.
Déjà, avant de recevoir en août prochain le Lesotho, Michel Dussuyer a largement le temps de faire la revue de troupe et de trouver des renforts. Car, le poids de l’âge a eu raison des possibilités de certains de nos joueurs qui ont du mal à enchaîner les matchs. Là, nous n’avons pas encore une profondeur de banc qui puisse nous permettre d’aligner deux équipes très compétitives. La preuve, notre ligne d’attaque pêche toujours sans qu’aucune solution concrète ne soit trouvée. Heureusement que nous avons devant nous neuf longs mois pour corriger le tir. Alors, en attendant le Lesotho, c’est le temps d’aller chercher ce souffle nouveau qui mettra notre équipe nationale à l’abri de toute surprise. Au fond, hier nos Ecureuils ont trop respecté leurs adversaires et si ça continue ainsi, il faut sérieusement s’inquiéter pour la suite des événements.
De surcroît, j’imagine ce dernier match du groupe qui mettra aux prises à Freetown, la Sierra Leone au Bénin. C’est dire qu’avant cette finale, il faut à tout prix engranger des points et se détacher nettement de ses poursuivants. Sinon, ne nous le cachons pas, avec ce genre de score étriqué, à la fin, il est fort probable que ça soit compliqué du point de vue comptable. D’où, il n’y a plus de calcul à faire. L’année prochaine, Michel Dussuyer a l’obligation d’avoir le bon effectif pour non seulement prendre tous les points possibles à domicile mais pour ne plus perdre à l’extérieur. Et quand je me rappelle cette débâcle en Gambie, je n’ai qu’un seul mot à l’endroit des différents acteurs du football béninois, « en Afrique, nous avons désormais un statut à défendre alors, devant ce genre d’adversaire, prenons-nous plus au sérieux ».
En définitive, gagner, c’est une chose. Rassurer le public sportif, c’en est une autre. C’est pourquoi, après ce match sans saveur, nous devons clairement faire comprendre à nos ambassadeurs qu’il est plus facile d’atteindre le sommet mais s’y maintenir, c’est beaucoup plus de travail et de privation. Et donc, avant le Lesotho, que Michel Dussuyer et ses poulains redoublent d’ardeur pour nous faire vite oublier une victoire si fade.



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