En toute sincérité : L’enfant, nécessité ou obligation !

François MENSAH 24 janvier 2014

L’enfant est le père de l’homme. Et lorsqu’il apparaît, le cercle de la famille applaudit à grands cris. L’arrivée d’un nouvel être dans une famille suscite en effet un torrent d’émotions et une avalanche de réactions. Le plus souvent, des sentiments de joie et d’allégresse s’emparent de tout un cocon familial. Malheureusement, ce bonheur immense n’étend pas ses tentacules dans toutes les maisons. Il existe en réalité, et vous le savez certainement, de nombreux couples qui s’unissent, grandissent et parfois vieillissent sans connaître le bonheur de mettre au monde le moindre rejeton. L’envie de faire un enfant devient alors une obsession qui pousse d’ailleurs certaines familles à la rupture. Si dans la tradition occidentale, cette situation n’a plus sa place sur l’échelle des tabous, en Afrique et plus particulièrement dans certains pays tels que le Bénin, être ensemble et ne pas avoir de progéniture à nourrir relève d’un véritable désastre. La société ne se dérange justement guère lorsqu’il s’agit de stigmatiser des amoureux qui, après plusieurs années d’union, stagnent en matière de matérialisation de leur passion par la présence d’enfants, fruits de leur relation. Il est de notoriété publique en Afrique que la première attente des parents de deux êtres qui ont choisi de s’unir est l’arrivée d’un ou de plusieurs nouveau-nés. Et lorsque le premier nourrisson tarde à faire irruption à domicile, les conséquences ne se font pas attendre. Les ragots et les commentaires de toutes sortes ravissent la vedette aux quolibets de la cité. Dans le même temps, une pression parfois machiavélique, dénuée de bon sens transforme l’un ou les deux conjoints en victimes d’une torture morale dont l’atrocité pourrait dépasser l’entendement humain. Il n’est d’ailleurs pas rare de subir une énorme pression de la part de géniteurs extrêmement intransigeants qui osent, figurez-vous, imposer à leurs progénitures respectives l’abandon de l’être aimé. Ne pas faire d’enfants constitue pour certains un drame voire une tragédie qui ne saurait souffrir d’aucune tolérance. En un mot, il faut purement et simplement bannir la femme qui ne procrée pas et rejeter l’homme stérile. S’il est vrai que l’enfant consolide à plusieurs égards la survie du couple et raffermit les liens généalogiques, certaines dérives ne s’expliquent pas pour autant. Tenez, la femme ou l’homme qui se retrouve dans l’incapacité de s’offrir un successeur est-il responsable des difficultés que la nature a attribuées à son organisme ? Doit-on obliger deux êtres qui s’aiment à se séparer parce que le fruit de leur union tarde à faire son apparition sur terre ? Celui ou celle qui n’est pas en mesure de faire un enfant n’a tout de même pas commis tous les péchés d’Israël à ce que je sache. La science a énormément évolué, et il existe de multiples méthodes pouvant permettre de connaître le bonheur d’être père ou mère dans des conditions qui ne sont pas forcément celles requises en la matière depuis des lustres. L’adoption et la fécondation in vitro existent depuis plusieurs années. Et puis, avoir ou ne pas avoir d’enfants reste le cadet des soucis de certains couples qui s’aiment et s’acceptent malgré les difficultés physiologiques, physiques ou psychiques de l’un des partenaires. Seulement, il est difficile d’échapper au regard de la société et de braver l’autorité des proches. Et c’est à ce niveau que se situe le caractère complexe de cette énigmatique équation familiale. Le chroniqueur demeure ainsi perplexe et se demande une nouvelle fois si l’enfant constitue une nécessité ou une obligation pour un couple.



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