En toute sincérité : L'inutile querelle !

François MENSAH 3 juillet 2013

La commune de Dassa-Zounmè a été le week-end écoulé le théâtre d’un spectacle désolant. Les acteurs de ce scénario affligeant sont des personnalités politiques qui appartiennent à la même famille politique. Nicaise Fagnon, André Dassoundo et Joseph Sourou Attin, trois membres de la majorité présidentielle ont en effet étalé au grand jour les multiples dissensions qui existent au sein des partisans du chef de l’Etat dans certaines régions du pays. Les populations de la localité ont ainsi eu le triste privilège d’assister à une scène indigne d’un regroupement politique de renom qui entend étaler sa domination dans plusieurs régions du pays. L’idéologie de la désunion et la philosophie de la mésentente se sont donc emparées de la ville de Dassa au grand dam de ceux qui rêvaient d’un rassemblement des tendances cauris dans la cité des quarante et une collines. Les querelles de clocher qui se sont déroulées devant de nombreux témoins et en présence des caméras des chaînes de télévision ont montré les failles des partisans du chef de l’Etat qui n’arrivent pas à accorder leurs violons. A y voir de près, cette guerre des chefs pour le contrôle des fiefs annonce déjà une bataille rangée pour le positionnement sur les listes électorales dans la perspective des consultations électorales à venir. La ville de Dassa est en effet située dans une circonscription électorale qui ne lui permet pas de positionner plusieurs de ses ressortissants au parlement. La bataille pour l’obtention de l’unique siège potentiellement disponible a donc commencé entre l’actuel élu de la circonscription, Nicaise Fagnon et l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, André Dassoundo. Le premier bénéficie pour le moment du curieux soutien de l’ancien ministre Joseph Sourou Attin qui nourrit également des ambitions. Mais pour l’instant, les deux alliés d’aujourd’hui veulent d’abord écarter Dassoundo avant de se faire éventuellement face par la suite. Toutefois, l’attitude des deux personnalités devrait susciter de profondes réflexions au sein de la classe politique et de l’opinion publique nationale. Il paraît en effet peu rationnel que les deux ex ministres demandent publiquement à leur compagnon de lutte d’hier de ne plus s’associer à la majorité au pouvoir après avoir entre-temps rejoint les rangs d’un adversaire politique du patron de l’écurie Cauris. La légitime indignation des partisans de Boni Yayi se comprend dans une certaine mesure. Seulement, leur attitude devient inopportune puisque le premier responsable de la coalition politique a visiblement approuvé le retour de l’enfant prodigue au bercail. Le chef de l’Etat a d’ailleurs reçu en audience son ancien lieutenant qui, rappelons-le, fut l’une des chevilles ouvrières de son élection à la tête du pays. La querelle de Dassa revêt alors un caractère inutile voire ridicule. Un vieux dicton africain indique que l’abondance de viande dans une assiette ne réduit en rien la qualité d’une sauce. Chacun devrait se contenter de fidéliser son électorat et d’œuvrer pour accroître ses chances lors des prochains rendez-vous des urnes. La jeunesse des Collines n’a pas besoin de ce sinistre épisode. Le développement de la commune de Dassa et de la région des Collines devrait en principe constituer la priorité de ces acteurs de la classe politique. Le feuilleton du week-end écoulé pourrait d’ailleurs affaiblir la position de Dassa dans la circonscription électorale, étant attendu que la ville de Savalou est plus peuplée et que de l’autre côté, les fils de Bantè parlent le même langage. C’est à croire que les matelots du navire Dassa ont choisi de saborder leur navire. Et c’est bien dommage.



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