En toute sincérité : Mairies, à l'heure de la prorogation !

François MENSAH 24 avril 2013

C’est désormais officiel. Le mandat des maires et des élus locaux a été prolongé par l’Assemblée nationale. Les différents responsables des municipalités du pays ont désormais carte blanche pour diriger leurs mairies respectives au-delà du mandat qui leur était établi. Cette situation a naturellement suscité des réactions au sein de la classe politique et de l’opinion publique nationale. De nombreux observateurs avertis des méandres politiques au Bénin peuvent en effet s’insurger contre cette décision parlementaire qui pourrait dans une certaine mesure être considérée comme un cachet spécial délivré au report des élections municipales, communales et locales. S’il est vrai que cette attitude des députés peut prêter à confusion, des faits peuvent expliquer l’adoption d’une telle posture. L’histoire du renouveau démocratique au Bénin a enregistré par exemple, la tentative de report du scrutin présidentiel de 2011 à cause des ennuis liés à la liste électorale qui souffrait d’un véritable manque d’harmonisation vis-à-vis des électeurs. Le scrutin s’est pourtant déroulé grâce notamment à la dextérité de la Cour constitutionnelle qui n’a pas voulu cautionner la création d’un véritable précédent juridique pour la République. De toutes les façons, dans le contexte actuel, eu égard aux difficultés liées à la tenue à bonne date des élections municipales, de sérieuses réserves ont été émises sur le fonctionnement et la crédibilité du calendrier et de la machine électorale. Ce qui a suscité la réaction des élus du peuple qui ont accompli leur devoir. Comme le dit ce vieil adage, fait ce que doit, advienne que pourra. Les parlementaires ont pris leurs responsabilités en prolongeant la durée du mandat électif des élus locaux. La suite de cet acte devrait permettre aux Béninois d’être situés sur la prorogation du mandat des maires et de leurs principaux collaborateurs. Les députés viennent en effet d’ouvrir la boîte de Pandore en décidant d’allonger le séjour des patrons des municipalités du pays à la tête de leurs communes respectives. La Cour constitutionnelle qui avait su en son temps éliminer les velléités des candidats au report des présidentielles de 2011 à cause des problèmes liés à la liste électorale permanente informatisée a donc son mot à dire, puisqu’elle est garante du respect de la Constitution et des institutions de la République. La haute juridiction doit donc jouer sa partition afin que cette situation ne soit pas à la base d’autres blocages. Qui veut aller loin, ménage en effet sa monture. La prorogation du mandat des maires, née du report désormais inévitable des élections municipales devrait constituer une exception qui confirme la règle. Les gouvernants béninois gagneraient certainement à choisir l’option des élections qui offrent un succès sans bavures aux vainqueurs, au détriment des consultations électorales qui débouchent sur de multiples contestations. En toute franchise, le fameux slogan qui dit je cite " mal élu mais élu quand même " fin de citation doit disparaître de nos habitudes afin de permettre à ceux qui ont été désignés par les électeurs de faire valoir leurs compétences dans les normes requises en la matière même s’il faut reporter les élections. En vérité, le report du scrutin communal porte un sérieux coup à la démocratie béninoise. Toutefois, il vaut mieux avoir des élections reportées, qui se tiennent à mauvaise date mais sans grosses contestations que de scrutins tenus à bonne date avec à la clé des ennuis et des difficultés pour la Nation. A quelques encablures de nouvelles échéances qui pointent à l’horizon à savoir les législatives de 2015 et la présidentielle de 2016, le Bénin ne doit donc plus souffrir de ces mêmes tergiversations. La Cour constitutionnelle aura son mot à dire et le peuple saura juger en temps utile. Comme le dirait ce vieux dicton, il vaut mieux tard que jamais.



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