En toute sincérité : Querelles de locataires !

François MENSAH 19 avril 2013

Nul n’est censé ignorer que l’homme doit avoir un abri. Mais tout le monde n’a pas la chance de vivre sous un toit qui lui appartient. Et pour pallier cet état de choses, une solution a été toute trouvée, la location d’une chambre, d’un appartement ou d’une maison. Ainsi, des personnes venues d’horizons divers sont obligées de cohabiter dans la même demeure. Une cohabitation qui ne se passe pas toujours dans les règles de l’art. De nombreuses habitations deviennent ainsi le théâtre de disputes voire même de bagarres entre voisins de chambre ou de paliers. Pour des raisons parfois farfelues, les pensionnaires de la même cour s’érigent en David et Goliath et se regardent en chiens de faïence à longueur de journées. Le week-end écoulé, c’est une jeune célibataire qui a été la cible de deux de ses voisines d’un âge non négligeable qui la traitaient de prostituée sous le regard ébahi de tout un quartier. Les deux vieilles peaux, excusez du peu, accusaient la pauvre demoiselle de provoquer leurs époux respectifs en arborant un style vestimentaire indécent à leur goût. Vous l’aurez compris, l’aigreur était au rendez-vous au cours de cette scène insolite. Malcom de Chazal nous enseigne pourtant que la bonté civilise l’intelligence. Qu’à cela ne tienne. De nombreux locataires se transforment en bourreaux pour leurs voisins. Des bavards invétérés, des jaloux de naissance, des fieffés menteurs et d’indécrottables fumistes donnent quotidiennement raison à Albert Camus qui disait que tout homme est un criminel qui s’ignore. Sinon, comment comprendre que certaines personnes éprouvent du plaisir à toujours trouver des poux sur la calvitie de leurs voisins sur lesquels ils inventent des histoires incroyables. D’autres ne voient que du mal à travers ce que font les voisins. S’en suivent naturellement le mensonge, la calomnie et les provocations tous azimuts. On se croirait dans les fourberies de Scapin. L’autre nuit, c’est un ivrogne d’une rare espèce qui a sauté le compteur de son voisin au motif que la musique provenant de la chambre de ce dernier l’empêchait de dormir, or le bruit provenait bien de chez lui. Il prétextera plus tard de son état d’ébriété. Or il s’agissait d’une énième provocation envers l’autre qui lui a toujours répondu par le silence comme on le fait pour tous les imbéciles. J’en connais même qui empêchent leurs voisins de sécher leurs habits sur la corde à linge estimant qu’ils font trop de lessive par semaine. S’il fallait tolérer aux autres tout ce qu’on se permet à soi même, la vie ne serait plus tenable. Parole de Georges Courteline. Certains se croient en effet supérieurs à leurs voisins et tentent de les brimer chaque fois que l’occasion se présente. Lorsque vous vous contentez d’un bonjour et que vous restez dans votre coin sans discourir, on dira de vous que vous êtes hautain voire mal éduqué. Et lorsque vous êtes un célibataire endurci, tout le quartier va murmurer dans votre dos que vous êtes impuissant. En revanche, lorsque vous n’avez pas encore fait le choix définitif entre vos dulcinées, vous serez la cible privilégiée de ces oisifs de la première heure. En réalité, ces espèces venues d’un autre monde trouvent toujours quelque chose à dire ou à faire pour indisposer des voisins qui n’ont souvent pas leur temps. Le samedi dernier, un jeune couple de retour d’une soirée dansante s’est retrouvé bloqué au portail central de la maison alors qu’ils avaient la clé sur eux. Un disciple de Lucifer qui enviait déjà les tourtereaux leur a en effet joué un sale tour en bloquant le portail à l’intérieur de la maison. La clé était donc devenue inutile. Les faits sont légion et n’échappent pas au quotidien de ces nombreux citoyens sans histoire qui ont eu le malheur d’élire domicile aux côtés de sinistres individus sur qui la civilisation n’a aucune emprise. Des actes de sabotage et des accusations imaginaires fusent de toutes parts. Et puisque le ridicule ne tue pas, certains ont le toupet de donner des ordres à leur alter ego qui jouit des mêmes droits. Il vaut mieux en rire. Tenez par exemple, un polygame qui s’est entassé dans un studio avec toute sa colonie a interdit à son voisin d’héberger son frère car dit-il, les latrines vont vite se remplir. Voila autant de faits qui devraient inciter à plus de vigilance avant le choix du lieu de résidence. Mais, puisque l’enfer est pavé de bonnes intentions, on ne peut jamais déceler derrière les accolades des premiers jours, les baisers de Judas, œuvres de voisins qui vous embrassent pour mieux vous étouffer par la suite. En tout état de cause, soyez forts et confiez votre destin à Dieu, il vous aidera à sortir des griffes de ces démons déguisés en colocataires.



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