En toute sincérité : Vous avez dit décentralisation ?

François MENSAH 18 avril 2013

Qui a dit que le Bénin était prêt pour la décentralisation ? Qui a également trouvé que les anciens sous-préfets étaient moins compétents que les maires actuels ? En attendant de trouver des réponses exactes à ces interrogations, l’histoire retient d’ores et déjà que certains de nos concitoyens doivent se poser des questions sur la farouche volonté d’engager le pays sur la voie de la décentralisation. La décentralisation est en effet par essence, un processus d’aménagement de l’Etat unitaire qui consiste à transférer des compétences administratives à des entités locales. Ce processus a été réclamé par certains de nos contemporains qui, à travers sa mise en œuvre, voulaient accélérer le développement des collectivités locales en leur permettant notamment de jouir de façon autonome de l’assistance des partenaires étrangers. Mais une décennie plus tard, les attentes des populations sont loin d’avoir été comblées. Sinon, comment comprendre l’état actuel des municipalités, notamment à travers les personnes qui les composent et la politique politicienne qui est descendue jusqu’au tréfonds des villes et des hameaux. Il est par exemple difficile de comprendre l’attitude plus ou moins curieuse de certains élus locaux qui font de la destitution de leurs maires une priorité alors que la majorité de leurs administrés réclament la tenue des élections municipales. Si ce n’est pas une série d’amusement de la galerie, cela y ressemble fort. Tenez par ailleurs, un projet de lotissement est à peine lancé, qu’un préfet a bondi pour demander d’arrêter les travaux, préférant ainsi l’immobilisme à l’action. Pour acheter un stylo ou un crayon, des communes recourent à la cellule nationale des marchés publics dont les bureaux se trouvent à Cotonou. Les longues absences des maires fantômes qui, lorsqu’ils sont au bercail, préfèrent vivre dans la capitale économique au grand dam de leurs administrés, peuvent naturellement susciter l’émoi au sein du peuple. La gestion peu professionnelle de certaines localités a fait découvrir aux Béninois un autre visage de la décentralisation, au point où certains se demandent s’il ne vaudrait pas mieux revenir à l’ancienne formule avec les sous-préfets. Comme le dit si bien Jacques Deval, il arrive souvent de ne rien obtenir parce qu’on ne tente rien. Les relents d’espoirs nés du dynamisme de certains maires peuvent mettre un bémol à cette envie de revenir en arrière après une décennie de mise en œuvre de la décentralisation. Les Béninois n’ont tout de même plus le choix après dix ans d’expérimentation. Ce projet qui a suscité tant d’espoir pour les communes est loin d’offrir un bilan satisfaisant. Bien au contraire, le bilan est mitigé et la situation ne saurait rester telle. Soit, les Béninois sont prêts pour une réelle décentralisation dans les plus brefs délais, ce qui donne aux populations le pouvoir de s’organiser et éloigne le venin de la politique du milieu local soit, ils ne le sont pas. Et dans ce cas, mes compatriotes peuvent continuer à profiter de façon éhontée du dur labeur des contribuables locaux et étrangers. L’appui considérable des partenaires techniques et financiers devrait en principe inciter à une prise de conscience collective qui nous éviterait de passer pour des sangsues aux yeux des investisseurs. On ne subit pas l’avenir, on le fait. Parole de Georges Bernanos. Ceci devrait aider les maires à redoubler d’effort pour que leurs noms soient gravés dans les annales de l’histoire comme ceux de certaines grandes figures du monde. Ceux qui font déjà des efforts peuvent encore mieux faire. Aux éternels statiques, le chroniqueur rappelle cette pensée d’Antoine de Rivarol qui dit je cite : " c’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il vaut mieux ne pas en abuser " fin de citation. L’heure n’est plus à l’inaction, il faut agir.



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