En vérité : Cap sur la bonne gouvernance

Moïse DOSSOUMOU 3 juin 2019

C’est un combat de longue haleine. La gestion des affaires publiques selon les règles de l’art est une préoccupation de tous les instants. Censés faire montre de vertu, les commis de l’Etat à qui est confiée l’utilisation des ressources publiques à divers niveaux ne démontrent pas toujours leur bonne foi et leur professionnalisme. Dans l’exercice de leurs missions, les inspections générales des ministères ont relevé, au titre de l’année 2018, des irrégularités révélées par le Conseil des ministres en sa séance du mercredi 29 mai dernier. Au total, 197 rapports produits pour le compte de 16 ministères mettent le doigt sur des insuffisances relatives aux marchés publics, à la gestion du matériel et du patrimoine de l’Etat, à la performance des structures contrôlées, ainsi qu’à la gestion des ressources humaines mais aussi administratives, financières et comptables. Il faut croire, au vu des faits, que plus de 500 fonctionnaires ont été épinglés.
Les faits incriminés sont liés, entre autres, à l’impression et au placement de valeurs inactives douteuses, aux surfacturations sur le répertoire des prix, à la TVA prélevée mais non reversée, aux bons de carburant indûment perçus, à la non réalisation de certains projets subventionnés par le Fonds d’aide à la culture, à des doubles paiements, à des dépenses inéligibles dans la comptabilité, à des constats de déficit de caisse dans plusieurs formations sanitaires, le paiement aux agents des frais pour des missions fictives, le fractionnement des commandes publiques, la mauvaise gestion des ressources en carburant… Au vu de ces éléments, et comme il fallait s’y attendre, le Conseil des ministres n’a pas tardé à instruire « les ministres en charge de la Justice, du Travail et des Finances, d’organiser les procédures disciplinaires appropriés à l’encontre des agents indélicats ». Mieux, un comité chargé du suivi de l’exécution des décisions prises contre les mis en cause sera créé.
Dans une démarche d’anticipation de la survenue des divers manquements et de promotion des bonnes mœurs, le gouvernement a chargé le ministre des finances et de l’économie de prendre certaines mesures. Ainsi, il s’agira essentiellement de « proscrire les pratiques telles que les préfinancements entre les structures, l’émission d’ordre de mission sans l’exécution effective de la mission, le paiement de dépenses non éligibles ou dont les pièces justificatives ne sont pas valables ». Mieux, le rappel de l’obligation de reversement systématique au Trésor public de la Tva collectée et l’organisation des séances de renforcement de capacité des inspecteurs généraux des ministères , pour une harmonisation des pratiques en matière de recouvrement des fonds indûment perçus ou détournés seront désormais de mise. Il faut espérer que tout cela serve tout au moins à limiter la saignée, car les mauvaises habitudes ont la peau dure.
A l’évidence, le gouvernement a pris l’option de lutter contre les faits de mauvaise gouvernance des ressources publiques. Cela est à son actif. Encore que entre la dénonciation et l’établissement de la culpabilité et plus encore la sanction, il y a souvent un fossé. Mais c’est déjà bien de mettre le doigt sur la plaie. Il reste seulement aux décideurs de trouver les bons mécanismes et les bons procédés pour que cette lutte porte ses fruits. Le plus dur dans cette affaire, c’est que la fermeté soit de mise sur la durée. Dès que le sentiment d’un relâchement est manifeste ou que l’on a l’impression qu’il s’agit d’une lutte à géométrie variable, la vertu aura du mal à prospérer. Au nom de la bonne gouvernance, toutes les initiatives tendant à assainir les mœurs publiques sont à encourager. Car, comme le dit l’adage,« la peur du gendarme est le commencement de la sagesse ».



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