En vérité : Citoyens, à la barre !

Moïse DOSSOUMOU 29 avril 2020

Pour beaucoup, elle se limite à l’élection des conseillers municipaux et communaux, des maires et des chefs d’arrondissements. Si le symbole de la décentralisation, c’est la possibilité accordée aux populations à la base de désigner elles-mêmes leurs représentants qui doivent siéger et décider en leur nom pendant un certain temps, il n’en demeure pas moins qu’elles ne sauraient rester à l’écart de la gestion des affaires publiques locales. Le législateur, conscient de cette réalité, a expressément accordé aux électeurs la possibilité de s’intéresser de près aux délibérations des gouvernements locaux. C’est ainsi que la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin accorde aux populations la possibilité d’assister aux séances du conseil municipal ou communal. Mieux, il est fait obligation aux élus de rendre régulièrement compte de leur gestion à leurs mandants. Dans la même logique, les aspirations des populations sont censées être portées et promues par les dirigeants locaux.
A l’évidence, les choses ne se passent pas toujours de la plus belle des manières. La pauvreté qui devrait être combattue sans répit un peu partout sur l’ensemble du territoire national ne préoccupe pas outre mesure les exécutifs communaux. Une fois élus, on a l’impression que les maires et chefs d’arrondissement se retranchent dans une tour d’ivoire, prenant ainsi leurs distances avec leurs administrés, avec qui pourtant ils devraient entretenir des rapports très étroits. Les projets de développement à l’échelle du village, du quartier de ville, de l’arrondissement ou encore de la commune sont pour la plupart conçus et exécutés sans une forte implication des bénéficiaires. Supposées être en amont et en aval de toute initiative de développement local, les populations qui connaissent mieux leurs besoins et leurs territoires n’ont pas souvent l’occasion de s’exprimer et de prendre les devants. C’est peu dire qu’elles rongent leur frein en silence.
Or, il leur appartient de s’affirmer, mieux de marquer à la culotte leurs représentants. L’absence de cette pression à bien d’endroits a fait le lit à la mauvaise gouvernance locale. Les attentes très peu comblées des électeurs, vrais détenteurs du pouvoir, appellent un changement de paradigme. Les communautés devraient s’organiser et décider par elles-mêmes afin de forcer la main aux organes délibérants au plan communal. Sans une prise de conscience des populations, les élus ne s’occuperont jamais de leur mieux-être. Il ne sert à rien d’élire des représentants et de les laisser faire cinq années durant. La participation et le contrôle citoyens devraient d’abord s’enraciner dans les localités afin de prendre corps au niveau national. La synergie d’actions entre mandants et mandatés est à souhaiter pour le bonheur des communautés à la base. Continuer à gouverner les communes sur la même lancée depuis 2003 n’est pas la meilleure option.
Le 17 mai prochain, les 77 conseils municipaux et communaux seront renouvelés. C’est l’occasion pour le corps électoral de jeter son dévolu sur des candidats qui en valent la peine. Beaucoup sont sur la ligne de départ. Mais peu seront élus. Le renforcement de la participation citoyenne au processus de prise de décisions au plan local est l’un des défis de la mandature qui sera incessamment installée. Populations et élus appelés à travailler en symbiose ont intérêt à sortir des sentiers battus. C’est à ce prix que l’épanouissement des communautés sera progressivement de mise. L’espoir que déchaîne une élection ne peut plus rester vain. Les temps changent. Et les peuples aspirent de plus en plus à de meilleures conditions de vie. Pour ce faire, les principes de transparence et de rigueur dans la conduite des affaires locales sont à promouvoir. C’est à ce prix que l’intérêt général aura tout son sens.



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