En vérité : Conflit royal à Parakou !

Angelo DOSSOUMOU 20 juin 2017

Sur l’autel des appétences royales, encore du sang versé. Très souvent, âprement disputé par des prétendants au trône, trois jeunes ont, vendredi dernier, payé de leur vie, leur témérité et le récurrent bicéphalisme instauré par la cacophonie des intérêts dans la cité des Kobourou. Définitivement, à Parakou, les décennies passent mais malheureusement, autant les successions déchaînent les passions, autant, elles emportent avec elles, leur lot de barbarie. Une fois de plus, les trois victimes, de l’au-delà, doivent maudire l’absurdité et la froideur de souverains qui posent des actes pas du tout catholiques.
Porteurs d’un message d’interdiction de prière en face du palais de Sinagourou de sa majesté Orou Gobi Gnessè à son malheureux challenger, Akpaki Souanrou II qui s’est fait également introniser roi de la même localité, ils ont été pris pour des cibles à abattre. Piégés, ils ont été froidement abattus au moyen d’armes blanches. On se croirait au 17ème siècle. Mais non, nous sommes en 2017 et, bel et bien, dans une République. Pourtant, à Parakou et spécifiquement au sein de la chefferie traditionnelle, nous sommes obligés de dire que pour certains, c’est toujours la loi de la jungle. L’animosité a pris des proportions inimaginables. Comme des sauvages, on tue sans jugement et parfois même, sans savoir le pourquoi.
Sinon, comment expliquer que mort s’ensuive, juste parce qu’on est émissaire d’un rival ? Entre personnes civilisées, même en cas d’antagonisme extrême, le minimum, c’est d’écouter les envoyés. Ensuite, qu’il vous plaira ou pas, et toujours par l’identique canal, renvoyez au challenger, une réponse. Seulement, dans la cité des Kobourou, c’est trop demander aux monarques légitimés ou usurpés. Après les trois morts du vendredi dernier, les démarches d’apaisement menées à l’endroit des deux camps par les autorités préfectorales et municipales tombent désormais comme des aveux d’impuissance.
D’ailleurs, depuis que sa majesté Akpaki Dagbara a rejoint les ancêtres, malheur à qui lorgne son trône. Son successeur Barthélémy Bourou n’a tenu, jour pour jour, qu’un an. Puis, autour du contrôle du collège électoral, c’est une lutte sans merci. Malheureusement, dans ces guéguerres royales et le bicéphalisme au trône, Parakou ne fait pas exception à la règle.
Finalement, à ce stade de décrépitude, la royauté au Bénin a besoin d’être profondément réorganisée. Si tout ceci explique que le chef de l’Etat ait voulu lui donner un cachet constitutionnel, je crois qu’en attendant, une instance de régulation ne serait pas une idée saugrenue. Mais déjà, les politiques qui, pour la plupart du temps, opposent les rois, au nom de leurs intérêts, feraient mieux de cesser de tirer le diable par la queue. De même et au regard de tant d’ignominies, il faut se poser la question de savoir quelles valeurs peuvent bien aujourd’hui, incarner nos souverains ?
En tout cas, pour bon nombre d’entre eux et singulièrement ceux de Parakou, pas la paix et la sagesse tant vantées. Ce qu’on sait, au Bénin, comme des champignons, ils poussent. Comme des politiciens, ils sont attirés par l’odeur du miel. En plus de ça, comme de vulgaires coquins, ils s’empoisonnent la vie. Quelle honte !



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