En vérité : Dans la peau des sangsues

Moïse DOSSOUMOU 12 septembre 2019

La rentrée scolaire 2019-2020, c’est dans quelques jours. Depuis quelques temps déjà, les principaux acteurs de l’école béninoise s’activent, chacun en ce qui les concerne, pour répondre présent à ce rendez-vous. C’est donc la dernière ligne droite pour les parents d’élèves, les enseignants, le personnel administratif et les apprenants eux-mêmes. La rentrée de ces derniers est tributaire des dispositions prises par les autres acteurs qui se doivent de mettre les bouchées doubles afin que tout soit fin prêt. La période des grosses dépenses, très redoutée par les parents, est d’actualité. Quelle que soit la classe sociale, il faut faire le nécessaire ou le minimum selon le cas afin que les enfants empruntent le chemin de l’école. Afin de réserver le meilleur à sa descendance, la classe moyenne se serre la ceinture pour faire le plein des cours privés dont le leadership en matière de promotion de l’excellence est plus qu’une évidence.
La défaillance des cours publics oblige les parents à faire recours aux cours privés. Les promoteurs de ces établissements ne se font pas prier pour délier la bourse de leurs clients. La pression psychologique est tellement forte que les parents, souvent à bout, ne savent où donner de la tête. Tous les prétextes sont bons pour faire dépenser les géniteurs. Le test d’aptitude systématique à bien d’endroits, l’inscription, l’assurance, la cantine, les uniformes, les macarons… ont leur équivalence en espèces sonnantes et trébuchantes. Là, c’est encore l’étape des préliminaires. Les choses sérieuses commencent avec les frais de scolarité dont au moins la moitié est exigible avant le démarrage des cours et le reste payable en deux tranches au plus tard à fin janvier. La scolarité est fixée en fonction des humeurs de chaque promoteur. Les montants des plus raisonnables aux plus fantaisistes sont exigés. En la matière, aucune discussion n’est permise.
Que dire des fournitures scolaires ? Une longue liste souvent dressée est distribuée aux parents qui doivent obligatoirement tout acquérir avant la rentrée. Chez les tout petits de la maternelle et du primaire, du papier hygiénique, du savon, du papier rame, du papier affiche sont exigés en quantité non négligeable par enfant. C’est dire qu’au-delà des frais de scolarité, les parents doivent encore mettre la main à la poche afin d’offrir aux promoteurs les intrants pour le fonctionnement des écoles. Quid des tenues scolaires ? En l’absence d’uniformisation, chaque promoteur d’école y va de son imagination. Les tissus, tee-shirt et macarons sont cédés aux parents qui doivent encore faire le nécessaire chez les couturiers avant que leurs enfants ne disposent des tenues en bonne et due forme. Au cours de l’année, divers frais sont réclamés à cor et à cri. Tout ceci se passe depuis tant d’années sans une réaction appropriée des pouvoirs publics.
L’assainissement des cours privés ne se limite pas seulement à la délivrance des autorisations ou à des visites de site. Il faut aller plus loin et être plus regardant sur les conditions d’accès à ces écoles. Il y a quelques mois, un arrêté ministériel instituait le port du kaki comme la seule tenue réglementaire dans les cours publics et privés. Bien que salutaire, cette décision a péché par son timing et l’arrêté a été rapporté. Depuis, aucune initiative n’a été prise dans ce sens. Les promoteurs d’école continuent de casser leur sucre sur le dos des parents. La promotion de l’excellence n’est pas une raison pour pressurer les parents en quête du meilleur pour leurs progénitures. Une réglementation instituant une fourchette dans la fixation de la scolarité selon les niveaux d’étude serait la bienvenue tout comme l’uniformisation des tenues scolaires. Certes, le privé a un coût. Cela ne doit pas servir de prétexte pour faire vivre la croix et la bannière aux parents.



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