En vérité : Douze mois au perchoir

Moïse DOSSOUMOU 29 juin 2020

Les images sont expressives. En bon croyant, il s’est confié à la Providence. Lorsqu’il était en lice pour les législatives du 28 avril 2019, il était loin d’imaginer qu’il serait le porte-flambeau de la 8ème législature. Depuis mai 2019, Louis Vlavonou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est devenu la deuxième personnalité de l’Etat. Il en sera ainsi jusqu’en 2023. Hier à la Cathédrale de Porto-Novo, c’était le moment de l’action de grâce. En regardant dans le rétroviseur, le président de l’Assemblée nationale passe en revue le parcours de ces douze derniers mois. Les débuts ont été particulièrement éprouvants. Pour la première fois sous l’ère du renouveau démocratique, le Bénin a un parlement composé exclusivement de soutiens du chef de l’Etat. L’opposition n’y a pas sa place. En cause, la réforme du système partisan qui a débouché sur des élections non inclusives. Bon gré, mal gré, l’opinion s’y résoud.
La 8ème législature, spécifique de par sa composition, déroule ses activités législatives. Louis Vlavonou qui dirige l’institution parlementaire prend son rôle très à cœur. Les audiences, le vote des lois et les séminaires parlementaires s’enchaînent. Tout va vite, très vite. A peine un projet ou une proposition de loi est-il annoncé, qu’il passe à la commission des lois avant d’échouer en plénière. Dans un mouvement d’ensemble, les 83 élus réduits à 82 suite au récent décès de Alidou Démonlé Moko, accordent leur violon. Le fait législatif le plus évocateur demeure ainsi la révision de la Constitution. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre derniers, la loi n°90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin a été touchée sans résistance. Avec 83 voix pour, 00 contre et 00 abstention, cette réforme a été validée sans autre forme de succès.
Institution de contre-pouvoir, l’Assemblée nationale à travers la 8ème législature ne donne pas vraiment l’impression de concourir à l’équilibre du jeu politique. Le vote à pas de charges de la loi interprétative du code électoral en est une illustration. Spontanément, les députés accompagnent le gouvernement dans ses initiatives. C’est plutôt inédit. Certes, par le passé, il est déjà arrivé des moments où le parlement se confondait à l’exécutif. Mais à l’échelle de la législature, il y a toujours eu des voix discordantes qui se faisaient entendre. Cette fois-ci, les Béninois font une toute autre expérience du rôle de l’Assemblée nationale. En son temps, ils feront le bilan même si certains ne sont pas près de changer leur opinion. Ce qui est frappant, c’est la détermination de Louis Vlavonou à conduire les travaux contre vents et marées. Depuis qu’il a accédé à ce poste, il déroule sereinement sa feuille de route.
L’installation de la 8ème législature dans un climat tendu appelait les députés à trouver les voies et moyens pour se rapprocher des populations. Puisqu’une frange de Béninois continue de les regarder avec méfiance, il leur revient, à défaut de demander fréquemment des comptes au gouvernement pour s’inscrire dans une posture de contre-pouvoir, de s’investir tout au moins dans la production de lois à caractère social. Comme c’est le cas partout dans le monde, les populations aspirent à un mieux-vivre. La Représentation nationale étant censée être l’émanation du peuple, celle-ci est appelée non seulement à voter des lois en sa faveur mais également à marquer le gouvernement à la culotte afin que les promesses à connotation sociale soient concrétisées. La pandémie de la Covid-19 et la hausse annoncée des factures d’électricité sont des sujets qui devraient faire gicler le parlement. Certainement que les députés ont leur calendrier. 12 mois se sont déjà écoulés. Plus que 3 ans et l’opinion pourra mieux noter le pouvoir législatif.



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