En vérité : Fausse route pour l’Unamab !

Angelo DOSSOUMOU 23 mars 2017

Troublantes et peu honorables ! On ne peut pas en dire moins des intentions de l’Unamab qui, du projet de loi portant modification de la Constitution, en fait des tonnes, exige son retrait pur et simple, projette organiser une marche sur l’Assemblée nationale lundi prochain et d’observer une grève d’avertissement de soixante douze heures à compter du mardi 28 mars 2017. Tout ce branle-bas est justifié par de supposés affaiblissements du pouvoir judiciaire, des atteintes graves et des dérives consacrés par le projet de révision introduit à l’Assemblée nationale. Embarqués dans le navire de l’Unamab, les magistrats sont donc sur pied de guerre et décidés à en découdre avec un projet de loi même par encore à l’étape de l’étude.
Si le ridicule pouvait tuer, j’imagine, dans cette fièvre révisionniste, que ses victimes se compteront par milliers. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Et donc, feignant d’ignorer qu’un projet de loi n’est pas une loi, l’Unamab, bien que consciente qu’elle dispose de l’arme des contre-propositions s’excite sur du néant. Un projet de loi, avons-nous dit, des suggestions et amendements avant son vote, avons-nous pensé. Mais, pas un activisme superflu autour d’une loi fondamentale qui, pour son toilettage a, depuis des lustres, fini d’être une option. Aussi, pas un projet qui, j’en doute, passera comme une lettre à la poste à l’hémicycle.
J’exagère à peine. Personne n’aime qu’on le juge sur de petits détails. Effroyablement, l’Unamab le fait. Le spectre d’un passage en force du projet de loi encore méconnu du parlement brandi, elle bande ses muscles et emprunte une fausse route. Dans une dynamique républicaine, que les magistrats demandent à rencontrer le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée nationale, pour se faire entendre, on les aurait applaudis. S’ils avaient fait du lobbying auprès des députés pour que leurs propositions soient prises en compte, personne ne leur jetterait la pierre. Mais voilà, une demande du retrait du projet de révision par l’Unamab et surtout une grève d’avertissement de 72h paraissent excessives.
Sinon, pour sortir notre pays des sentiers battus, quel Béninois n’a pas toutes les raisons d’espérer que les pouvoirs judiciaire, législatif et Exécutif jouent convenablement leur partition ? Mais déjà, faudra-t-il, comme en toute chose, éviter l’excès et privilégier le dialogue. Tout compte fait et pour le moment, c’est la meilleure carte dont dispose l’Unamab. Pour une Constitution de consensus, évitons de polluer le débat, de penser corporation au lieu de pays et de donner l’impression que cette affaire est pliée d’avance. Imaginons qu’après l’Unamab, d’autres syndicats s’engouffrent dans la brèche de bruyantes et extrémistes revendications ? La catastrophe ne serait pas loin. En somme, les magistrats doivent revoir leur démarche. Des gommes et des crayons pour les maintes propositions de l’Unamab, il n’en manquera pas au palais des gouverneurs. De toutes les façons, ne poussons pas le bouchon un peu trop loin et ramenons la balle à terre.



Dans la même rubrique