En vérité : Fcbe : ça passe ou ça casse

Moïse DOSSOUMOU 5 août 2020

Plus que 48h et l’élection du nouveau maire de Parakou sera effective. Expressément convoqués par le préfet du Borgou, les conseillers municipaux de la 3ème ville à statut particulier vont se prêter au jeu vendredi prochain. Réduit à 32 des suites de l’invalidation du siège de Ousmane Traoré, le collège des électeurs se réunira sur injonction de la Cour suprême. En effet, suite à la récente décision de cette juridiction, les cartes ont été quelque peu rabattues. Du coup, la majorité absolue échappe au parti Fcbe qui totalise néanmoins 16 sièges sur les 32. Le Bloc républicain et l’Union progressiste qui engrangent respectivement 12 et 4 sièges nourrissent sans doute des prétentions. A défaut d’un accord de gouvernance entre les trois partis, les candidats désignés vont devoir s’affronter. Au terme du scrutin qui se déroulera en autant de tours que possible, celui qui obtiendra le plus grand nombre de voix l’emportera.
Aboubacar Yaya, le porte étendard du parti Fcbe précédemment désigné maire de la commune remet son siège en jeu. A partir de ce moment, les intrigues politiques aidant, tout redevient possible. Bien que son parti soit encore majoritaire, ce ne sera pas une surprise si le candidat du camp adverse l’emporte. La preuve, lors de l’installation du conseil municipal, Aboubacar Yaya, fort de la majorité absolue de son parti en ce moment-là, était assuré d’être porté en triomphe. Mais grande fut sa désillusion lorsque des défections et pas des moindres furent enregistrées dans son propre camp. Il a fallu le vote et la promulgation de la loi interprétative du code électoral pour qu’il soit désigné pour diriger la commune en lieu et place d’une élection. A-t-il réussi à arrondir les angles avec les dissidents de son parti ? Dame Alimatou Abdoulaye est-elle revenue à de meilleurs sentiments ? Ou encore, le parti va-t-il présenter un autre candidat ?
D’un autre côté, l’ex maire Charles Toko qui a subi un revers électoral a l’occasion de récupérer son fauteuil. Avec le soutien naturel de l’Union progressiste, il a la latitude de faire feu de tout bois pour prendre sa revanche sur les électeurs. La décision de la Cour suprême qui a jeté l’émoi au sein du parti Fcbe l’a certainement ragaillardi. Alors qu’il semblait avoir fait le deuil de son échec, voilà que surgit une occasion inespérée. Va-t-il la laisser lui filer entre les doigts ? Ce n’est pas évident. Bien que battu dans les urnes, son camp ne manquera pas d’obtenir la faveur de la majorité des conseillers. Et si entre temps, dame Alimatou Abdoulaye continue de filer le parfait amour avec les conseillers du Bloc républicain et de l’Union progressiste au détriment de ceux de sa propre formation politique, Charles Toko peut s’estimer chanceux. Dans ce cas, il lui sera aisé de reprendre le contrôle de la ville.
Certes, il a annoncé n’être plus intéressé à titre personnel par le poste de maire. Seuls les naïfs le prendront au mot. Si son parti en décidait autrement, il n’aura pas d’autre choix que de revenir sur ses propos. C’est même spontanément et avec enthousiasme qu’il va se remettre en selle. Au demeurant, il faudra garder à l’esprit que malgré tout, le parti Fcbe conserve la majorité des sièges du conseil municipal. Logiquement, s’il faut rester dans l’esprit du code électoral, il devrait conserver le poste de maire. Mais en politique, et surtout au Bénin, rien n’est sûr. Les intrigues et les manipulations l’emportent souvent sur ce qui doit être. L’opinion est déjà préparée à tous les cas de figure. Le dernier mot revient au collège électoral. L’attente a d’ores et déjà commencé.



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