En vérité : Houngbédji descendu de son piédestal

Moïse DOSSOUMOU 30 octobre 2018

Le 10 avril 2018, son 6ème rapport d’activités était passé comme une lettre à la poste. A l’unanimité, sans protocole, les députés avaient donné leur caution à Adrien Houngbédji pour son leadership dans la conduite des travaux parlementaires. Six mois plus tard, hier 29 octobre 2018, le président de l’Assemblée nationale n’a pas su renouveler cette action d’éclat. Certes, son 7ème rapport d’activités a été validé. Mais il a essuyé les vives critiques des députés, notamment ceux de l’opposition. Alors qu’il nourrissait le rêve d’être félicité par tous ses pairs, comme il en a pris l’habitude pour le compte de la 7ème législature, dix d’entre eux lui ont opposé un refus catégorique. Ces députés qui n’ont pas digéré certains faits ont saisi l’occasion pour rendre à la deuxième personnalité de l’Etat la monnaie de sa pièce. Désormais, il faut croire que jusqu’à la fin de la présente législature, le temps de la sérénité est passé pour Me Adrien Houngbédji.
Ce rapport qui prend en compte la période allant du 1er avril au 30 septembre 2018 fait mention de la tenue régulière de 59 séances plénières. Relativement acceptable, le taux de participation des députés à ces travaux s’élève à 67,97%. Par contre, au niveau des travaux en commissions, le faible taux de présence désole Adrien Houngbédji. Sur le plan de la production législative, 17 lois ordinaires ont été examinées. Pêle-mêle, on peut citer la loi n°2018-12 portant régime juridique du bail à usage d’habitation en République du Bénin, la loi n°2018-16 portant code pénal en République du Bénin, la loi n°2018-23 portant charte des partis politiques en République du Bénin, la loi n°2018-26 portant autorisation d’enregistrement à titre dérogatoire à l’état-civil en République du Bénin, la loi n°2018-31 portant code électoral en République du Bénin, la loi n°2018-34 modifiant et complétant la loi n°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin…
14 autres lois portant autorisation de ratification dont 5 conventions et traités et 9 accords de prêt et de financement estimé à un peu plus de 240 milliards ont été votées. La tâche d’huile sur ce tableau reste incontestablement le point relatif au contrôle de l’action du gouvernement. Sur 14 questions écrites, orales et d’actualité, seulement 2 ont fait l’objet de débats en séances plénières. « Par ailleurs, les deux commissions d’enquête mises sur pied en juillet 2017 et devant faire la lumière sur le projet de construction de la centrale électrique de Maria-Gléta et la gestion du Fonds d’aide à la culture n’ont toujours pas déposé leur rapport ». Voilà de manière ramassée, le contenu du 7ème rapport d’activités produit par Adrien Houngbédji. Contrairement au passé où cet exercice ne suscitait presque pas de réactions contraires, cette fois, les élus du peuple se sont lâchés.
En dépit de son jeune âge, Guy Mitokpè n’a pas eu froid aux yeux pour cracher ses quatre vérités au titulaire du perchoir. Les scènes surprises et inédites au cours desquelles la parole fut arrachée de force par deux fois aux députés de l’opposition ont été rappelées à la mémoire collective. En outre, l’impression persistante d’une collusion entre l’exécutif et le législatif a été décriée. Il en est de même du vote de certaines lois importantes qui ont été, pour ainsi dire, expédiées. Les députés dits opposants se sont aussi focalisés sur le contrôle de l’action gouvernementale qui est loin de combler les attentes. Il est aisé de constater que la donne change progressivement à l’Assemblée nationale. C’est un fait que malgré son principal atout lié au poids de l’expérience, Adrien Houngbédji ne navigue plus en eaux calmes. Tout porte à croire qu’il en sera ainsi jusqu’aux législatives.



Dans la même rubrique