En vérité : Inconcevable pénurie de timbres !

Moïse DOSSOUMOU 6 septembre 2018

Impossible de se faire délivrer des pièces d’état-civil à la mairie de Cotonou. La prestation la plus courante, celle des certifications conformes à l’original, communément appelée « légalisation » est restée longtemps suspendue. Au bureau central de l’état-civil tout comme dans les 13 arrondissements de la commune, la situation est identique. Pendant plusieurs semaines, rien n’a bougé. Les agents commis à la tâche ont passé le clair de leur temps à se tourner les pouces. Impuissants, ne pouvant soumettre les pièces à la signature de l’autorité sans l’apposition du timbre, ils n’avaient pas d’autre choix que de réserver une fin de non recevoir aux demandes formulées par les usagers. Ces derniers, exaspérés, ont dû ronger leur frein priant tous les dieux pour que tout rentre dans l’ordre. Mais hier jeudi 05 septembre, les lignes ont enfin bougé pour le plus grand bonheur des administrés de la ville.
Cette situation inconfortable qui a mis à mal le renflouement des caisses locales est la conséquence de la gestion à la petite semaine du stock des valeurs inactives. Difficile de comprendre que la municipalité n’ait pas vu venir cette pénurie et pris les dispositions idoines pour la prévenir ou à défaut la limiter à une poignée de jours. Que s’est-il passé pour que les cadres de la plus grande commune du pays n’aient pas été capables d’éviter tous ces désagréments aux usagers ? De manière générale, les maires ne cessent de solliciter la mansuétude du pouvoir central pour capter des devises pour les communes. Le Fonds d’appui au développement des communes (Fadec) mis en place pour suppléer au manque ou à l’insuffisance des ressources ne fait pas toujours l’affaire des gouvernements locaux qui en veulent encore plus. Chaque fois, ce sont des plaidoyers qui se font en direction de l’Etat central pour obtenir des ressources additionnelles.
Les ressources propres, même si elles sont insuffisantes, peuvent déjà être mobilisées. C’est cet effort constant qui fait défaut aux collectivités locales. Les timbres utilisés pour les prestations des services d’état-civil et des affaires domaniales participent de la mobilisation des ressources locales propres. Qu’ils en viennent à faire défaut sur une période relativement longue alors que les usagers n’attendent que cet intrant pour débourser, cela sort de l’entendement. Les demandeurs des pièces d’état civil pour l’établissement des cartes nationales d’identité ou des passeports par exemple n’avaient pas d’autre choix que d’attendre que le problème soit réglé. Ils ne pouvaient pas se rendre dans une autre commune, dans un commissariat ou au tribunal pour obtenir par exemple la copie légalisée de leur souche de naissance. Cette prestation ne peut se faire que dans l’arrondissement dans lequel ils ont vu le jour. Il n’y a pas de mots pour qualifier le tort fait aux citoyens au cours de cette période de pénurie de timbres.
Comme bémol, il faut dire que la lourdeur des procédures administratives, notamment dans la passation des marchés publics a contribué pour beaucoup à la multiplication des désagréments. Les échanges incessants de courriers entre les services de la mairie, ceux de la préfecture et éventuellement des organes de contrôle et de régulation des marchés publics ont exacerbé l’agacement des populations. Ces dernières ne sauraient payer le prix de l’inconséquence des décideurs, qu’ils soient au niveau local ou central. En plein 21ème siècle, dans une ville présentée comme la vitrine du Bénin, c’est inadmissible que l’administration municipale ne puisse pas disposer de timbres pour des prestations offertes aux usagers. Le cas de la municipalité de Cotonou doit inspirer les 76 autres communes afin qu’elles ne tombent pas dans les mêmes travers. Aucune raison ne saurait justifier l’indisponibilité d’une denrée aussi précieuse. La gestion obéit à des règles. Il faut les connaitre et les appliquer.



Dans la même rubrique