En vérité : Justice et célérité : un défi pressant

Moïse DOSSOUMOU 27 novembre 2018

« Les temps du procès ». C’est sous ce thème évocateur qu’a été placée ce 16 novembre 2018 la rentrée du barreau du Bénin pour le compte de l’année judiciaire 2018-2019. Quelques semaines plus tôt, sous l’égide de la Cour suprême, le top de la rentrée judiciaire a été donné. « Quelle justice pour quel développement » ? A l’occasion, cette interrogation capitale a fait le lit des discussions. Au vu des interventions aussi intéressantes les unes que les autres, il sied de constater que les acteurs clés de ce secteur de souveraineté sont unanimes sur le fait que la justice béninoise est à réformer. Compte tenu des difficultés que connaissent ses animateurs, notamment les magistrats, les greffiers et les policiers dans l’accomplissement de leurs tâches, l’urgence d’une réorganisation pour des résultats beaucoup plus probants s’impose. Avocat de profession, Sévérin Quenum, le Garde des sceaux, promet s’investir pour un changement qualitatif.
« Tout retard dans la procédure judiciaire est un déni de justice ». Cette assertion est celle du ministre de la justice qui entend faire tout ce qui est de son pouvoir pour donner un coup d’accélérateur aux processus devant aboutir au prononcé des verdicts. Pour lui, les grandes réformes initiées visent essentiellement la célérité dans l’examen des dossiers ainsi que l’exécution des décisions. La réactivation de l’inspection générale des services judiciaires mais également des services juridiques, des maisons d’arrêts, des prisons est l’une des réponses apportées pour raccourcir le temps du procès. Pour plus d’efficacité, un meilleur plan de formation est en cours d’établissement afin de permettre aux magistrats d’atteindre le maximum de leurs capacités. La mise à disposition de matériels n’est pas du reste dans cette panoplie d’actions. Face à ceux qui mettent à mal la quiétude de chacun et de tous, la justice se doit d’apporter une réponse rapide et juste.
Le ministre et l’ensemble des acteurs intervenant dans la chaîne judiciaire se donnent de nouveaux défis à relever au cours des prochains mois. L’une des critiques les plus récurrentes des justiciables contre l’appareil judiciaire a trait à la lenteur des procédures. A la quête de la manifestation de la vérité, les dépositaires de ce pouvoir ont l’habitude de longues investigations. Pendant que la justice essaie de démêler les fils de l’écheveau, des semaines, des mois, voire des années s’écoulent et c’est le statu quo pour les personnes et les familles impliquées dans les différents dossiers. Ce constat justifie dans une grande proportion la surpopulation carcérale qui est l’une des tares les plus affichées de notre système pénitentiaire. C’est donc dans le but de taper dans la fourmilière que le Garde des sceaux qui connaît d’ailleurs si bien la maison a pris sur lui d’inverser la tendance. Pourra-t-il vraiment y parvenir ?
L’accès de tous à la justice et l’existence de juridictions indépendantes qui garantissent aux justiciables la jouissance effective de leurs droits figurent au nombre des défis à relever. « Une justice effective et efficace, qui serait opposable à tous et égale pour tous renforce la paix et la quiétude, influe sur la créativité, l’innovation et l’initiative privée, devenant ainsi un important facteur de développement ». C’est dire que l’amélioration du cadre institutionnel, la simplification et l’accélération des procédures sont des défis urgents. Au-delà des vœux et de la volonté du ministre et par ricochet du gouvernement, l’adhésion des acteurs est également souhaitée. La synergie voulue entre les magistrats, les greffiers, les auxiliaires de justice et la police judiciaire pour raccourcir les délais en ce qui concerne l’examen des dossiers se fera avec leur implication. Le plus important, c’est cela. Si Sévérin Quenum peut réussir le pari d’obtenir leur aval, il aurait déjà accompli à moitié son vœu de faire de la justice béninoise, une justice efficace et moins lente.



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