en vérité : L’amorce du dialogue

Moïse DOSSOUMOU 15 juillet 2019

Le grand jour est arrivé. Il a fallu attendre huit semaines exactement pour que l’engagement pris par Patrice Talon le lundi 20 mai 2019 connaisse un début de réalisation. Enfin, les acteurs politiques, notamment ceux qui ne cessent de crier au scandale après la tenue des élections législatives non inclusives du dimanche 28 avril dernier, seront reçus dans les murs du palais de la République. Une invitation qui rentre dans le cadre de la formalisation du dialogue politique initié par le chef de l’Etat. Cette rencontre longtemps attendue et dont l’ordre du jour n’a pas été communiqué ? permettra a priori de jeter les bases de discussions politiques franches et directes. C’est heureux que cela arrive enfin. Au vu des événements malheureux qui ont ébranlé la quiétude des uns et des autres, il était de bon ton que les intentions de promotion de la paix se formalisent au nom de l’intérêt général.
Pour rien au monde, les Béninois ne veulent que soit remis en cause leur vouloir-vivre ensemble dans un climat de paix et de sérénité. Dans ce pays, les élections ont toujours été considérées comme des moments de fête. La diversité des chapelles politiques n’a jamais empêché, en tout cas au cours de ces trente dernières années, la tenue de scrutins dans des conditions de stabilité, acceptables par toutes les parties. Mais les élections du 28 avril dernier ont consacré le contraire. Les actes de violence qui en ont découlé dans le Nord, le Centre et le Sud du pays et qui sont déplorables et condamnables à tous égards, exigent que la promotion de la paix soit renforcée. Il faut s’attarder ici, non pas sur les conséquences, mais sur les causes. Comment les Béninois qui ont toujours donné l’exemple au point d’inspirer respect et admiration en sont arrivés là ? Et surtout, que faut-il faire pour éviter la répétition à l’avenir ?
C’est là le sens qu’il convient de donner à la concertation qui va se dérouler dans les prochaines heures au palais de la République. Des partis politiques invités, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), tout comme certaines formations politiques, ont favorablement accueilli l’invitation du chef de l’Etat. D’autres par contre, notamment le parti Restaurer l’espoir dirigé par Candide Azannaï refusent de se rendre au palais de la Marina. Quelles que soient les raisons et les positions des uns et des autres, le plus important est que ce dialogue soit amorcé. Il n’est pas dit que tout le monde est censé avoir le même comportement face à une situation donnée. C’est la franchise, le sérieux et la crédibilité de ce qui sera dit demain qui va déterminer ceux qui rechignent à saisir la main tendue à se raviser. Aujourd’hui, c’est le jour de l’espoir. Il était temps que les acteurs politiques se parlent après les douloureux événements de ces dernières semaines.
Là-dessus, le chef de l’Etat a une grande responsabilité. C’est sous sa présidence que le Bénin post démocratique connaît ces tourments. Les réformes d’accord, mais la paix d’abord. L’exclusion, surtout en matière politique, est toujours génitrice de troubles et de rivalités profondes. Face à ses invités, il saura comment répondre à leurs préoccupations pour les apaiser et adoucir leurs ressentiments. Vivement que les délégués qui seront présents ne ressortent pas de cette séance avec un profond sentiment d’insatisfaction. Il est impérieux que les lignes bougent afin que très vite, cette parenthèse critique se referme. Et cela dépend en priorité du chef de l’Etat. Inquiète, la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) fait sa part en proposant ses services pour la médiation. Le reste dépend du bon vouloir du personnel politique.



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