En vérité : L’école aux couleurs de la culture

Moïse DOSSOUMOU 18 juin 2020

Elle n’est pas seulement faite pour inculquer l’instruction et l’éducation. Elle est également censée révéler le potentiel de tous ceux qui y séjournent pour une durée relativement longue. L’école, sanctuarisée par Victor Hugo au même titre que la chapelle, est le lieu de prédilection pour affûter ses armes avant de prendre son envol pour la vie. Mais la plupart du temps, les élèves, de la 6ème en Terminale sont abreuvés de toutes sortes de notions livresques. A tort ou à raison, les enseignants s’échinent à faire de leurs apprenants des têtes bien pleines. Mais le diplôme qui vient parachever tout ceci ne permet pas toujours aux intellectuels formés à grands frais de se faire une place au soleil. En effet, beaucoup de vocations sportives et artistiques s’éteignent d’elles-mêmes faute d’expression. Ce n’est pas tant la faute de ceux qui sont prédisposés à les éclore. Ayant peu foi en leur potentiel, ils se perdent malgré eux dans les dédales de la vie, occupés à exercer des professions qui les mettent sous le boisseau.
Outre les classes sportives qui font leur petit bonhomme de chemin, le projet de promotion des talents et de renforcement des capacités dans le secteur de la culture prend ses quartiers dans les lycées et collèges. Dès la rentrée prochaine, les classes culturelles seront effectives. Les services du ministère du tourisme, de la culture et des arts s’activent pour qu’il en soit ainsi. Les acteurs impliqués dans ce processus sont occupés à faire le brainstorming pour aboutir finalement aux curricula qui serviront de référentiel pour les 800 encadreurs qui seront incessamment recrutés. Les programmes en cours d’élaboration constituent une étape fondamentale de ce projet qui a mis deux ans avant de voir le jour. Signé depuis 2018, le décret qui a donné vie au projet n’a donc pas été vain. Déterminé à traduire en acte cette volonté du gouvernement, Jean-Michel Abimbola qui tient les rênes du ministère est proche du bout du tunnel.
En réalité, ce projet n’est pas si nouveau en soi. Depuis plusieurs années, les collégiens et lycéens des cours publics bénéficient d’une pause dans leur emploi du temps pour se consacrer à des activités qui n’ont rien à voir avec les enseignements reçus en situation de classe. C’est d’ailleurs par ce biais que Angélique Kidjo et le regretté Stan Tohon ont pu révéler le talent qui sommeillait en eux. D’autres ont trouvé leur voie dans le sport, la défense de l’environnement, le journalisme, les jeux cérébraux etc… Seulement, toutes ces activités étaient facultatives et ne nécessitaient pas la présence d’un enseignant. Aujourd’hui, non seulement des techniciens aguerris seront sollicités pour faire le job, mais encore, ces ateliers culturels seront considérés comme des activités académiques à part entière, obligatoires et sanctionnées par des évaluations. Ainsi, les cours privés qui rechignent à s’y intéresser devront désormais dégager des plages horaires dans les emplois du temps.
Ces classes culturelles sont autant de débouchés pour les apprenants amoureux de l’art. Au lieu de prendre leur temps à accumuler des diplômes ou à traîner sur les différents campus, ils pourraient très vite se caser et figurer parmi les célébrités dans leur domaine de prédilection si tant est qu’ils sont talentueux et consciencieux. Ces cours ludiques qui permettront de détecter et d’encadrer les talents s’étendront aux secteurs de la danse, de la musique, du théâtre et des arts plastiques. Ils offrent un terrain fertile à la culture des pépinières artistiques et à la création du marché de consommation de demain. Puisqu’il n’y a pas de sot métier, puisque les créateurs des œuvres de l’esprit font rapidement fortune, les apprenants gagneraient à s’intéresser à ce programme. Nul doute que plusieurs vocations condamnées à des emplois peu valorisants trouveront facilement le chemin de l’épanouissement.



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