En vérité : La denge qui rend « dingue »

Moïse DOSSOUMOU 12 juin 2019

Elle mérite bien son nom. La dengue qui rend dingues ceux qui la contractent est mortelle. Le comble, cette maladie virale dont les manifestations sont proches du paludisme hante les ménages. Vu l’imminence de la menace et les dégâts colossaux qu’elle pourrait engendrer, le ministre de la santé n’a pas pris par quatre chemins pour donner l’alerte. En plus des autres maladies qui font craindre le pire aux Béninois et auxquelles ils font face au quotidien, ceux-ci doivent encore se prémunir contre la dengue. Le communiqué du Pr Benjamin Hounkpatin, ministre de la santé, rendu public le 07 juin dernier, fait froid dans le dos. Son contenu suscite assez d’interrogations et appelle de la part des populations un changement de comportement à bien d’égards. Nous étions habitués au paludisme. Cette affection fait partie intégrante de notre quotidien. Maintenant, il faudra composer avec la dengue. Et ce n’est pas une partie de plaisir.
« La dengue est une maladie qui sévit chez nous. Elle est dangereuse et tue très rapidement, lorsqu’on prend certains médicaments, notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’aspirine, l’ibuprofène, le diclofènac… ». Avis donc aux amateurs de l’automédication qui, aux moindres symptômes vident leur boîte à pharmacie. Aujourd’hui plus qu’hier, il faut rester prudent. Venons-en à présent aux modes de contamination de cette maladie. « La dengue est transmise par les piqûres de moustiques et se manifeste par la fièvre suivie de courbatures, maux de tête ou de ventre, vomissements simples ou avec du sang, douleurs articulaires, fatigue, saignements souvent mortels ». Ces symptômes identiques à ceux d’autres maladies courantes, appellent de la part des populations un sens prononcé du discernement. Le plus simple à faire pour avoir un diagnostic précis est de se rendre dans les centres de santé afin de prendre les mesures qui s’imposent.
Le ministère de la santé est dans son rôle et il faut saluer la promptitude avec laquelle cette campagne de sensibilisation a été initiée. Seulement, lorsqu’on considère la gravité de la maladie, il aurait fallu que le communiqué et les actions de sensibilisation qui en découlent ne véhiculent pas la peur de manière brutale. Les esprits ne sont pas suffisamment préparés pour recevoir ce choc. Progressivement, à intensité modérée, les populations seront suffisamment informées sur les tenants et aboutissants de ce mal. Mais à la décharge du ministre et de ses collaborateurs, le péril est peut-être imminent et il fallait parer au plus pressé. L’autre tache d’huile sur la campagne de sensibilisation en cours, c’est la similitude des symptômes décrits avec ceux du paludisme et d’autres maux a priori ordinaires. Le recours systématique aux traitements endogènes auxquels sont habitués les ménages face à l’apparition de certains signes peut favoriser la propagation de cette maladie virale.
C’est dire qu’à l’heure actuelle, des interrogations demeurent. Les réflexes attendus au niveau des populations ne viendront peut-être pas systématiquement. Mais déjà, puisqu’il s’agit de leur santé, les Béninois gagneraient à suivre les recommandations émises par les services compétents du ministère de la santé. « Pour repousser la propagation de la dengue loin de nos familles et de nos communautés, assainissons notre cadre de vie en le rendant propre, détruisons les gîtes de larves de moustiques, utilisons la moustiquaire imprégnée, pulvérisons nos domiciles et utilisons les crèmes répulsives ». Tel est l’essentiel des recommandations officielles. Aux ménages de les respecter scrupuleusement pour ne pas contracter cette maladie qui fait des ravages ailleurs. Les incompréhensions et flous liés à la campagne de sensibilisation en cours peuvent toujours être corrigés. Mais il appartient aux ménages de respecter les consignes afin de ne pas compter leurs membres dans le lot des victimes de cette maladie éminemment mortelle.



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