En vérité : La dynamique du label Bénin

Moïse DOSSOUMOU 17 octobre 2019

Ils sortent pour ainsi dire de l’informel. Désormais, il faudra les considérer comme des labels. Depuis le lundi 14 octobre dernier, ces produits ont acquis une notoriété et une crédibilité sur le plan international. Grâce aux efforts conjugués des acteurs institutionnels et des producteurs, trois produits pilotes du Bénin érigés en indications géographiques protégées sont enfin reconnus par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi). L’ananas pain de sucre, le gari Sohui de Savalou et l’huile d’arachide d’Agonlin bénéficient depuis peu d’une reconnaissance qui va au-delà des frontières nationales. Pari gagné pour les paysans, les coopératives, groupements et particuliers qui depuis des décennies s’investissent inlassablement dans la production et la transformation de ces denrées très prisées à l’interne. Du Bénin, ces trois produits très recherchés et régulièrement consommés avec grand appétit partent à la conquête du marché africain et international. C’est une grande avancée dont il faut être fier.
Un regain d’intérêt sera désormais noté pour ces spéculations qui acquièrent du coup de la valeur. Tous les acteurs intervenant dans la chaîne de leur mise en consommation, tout en se frottant les mains pour cette percée remarquable, sont conscients que c’est maintenant que le plus dur commence. Compte tenu de leur succès à l’interne, il n’y a pas de raison que ces trois produits ne fassent sensation hors des limites territoriales nationales. Cela suppose un dynamisme nouveau dans la production et la transformation et sans doute, le recrutement de nouveaux acteurs. Mieux que par le passé, la qualité devra rimer avec la quantité. Maintenant, il faut aussi satisfaire les clients venus d’ailleurs sans préjudice aux nationaux. Qui sait ? Peut-être que les commandes à l’externe dépasseront de loin la consommation locale. C’est tout le bien qu’on peut souhaiter à notre économie qui peine à prendre ses marques.
De manière substantielle, les impacts attendus de ces indications géographiques protégées sont liés à l’amélioration de la qualité, la limitation de la fraude, le développement des marchés nationaux et internationaux, l’amélioration du prix sur le marché national et de la gestion des matières premières ainsi que l’augmentation du revenu des producteurs. En termes clairs, c’est une importante source de création de richesses qui s’offre au Bénin. L’intérêt est encore plus accrû qu’il s’agit de produits typiquement locaux. Au-delà de l’alimentation, chacune de ces spéculations a une histoire qui lui est attachée. C’est cette richesse culinaire et culturelle qui est exportée loin de chez nous. Le développement du tissu économique est ainsi fouetté et il est du ressort des acteurs clés de saisir cette opportunité pour sortir enfin de l’ornière. Le Bénin est resté longtemps à la traîne alors qu’il a des atouts qui valent de l’or.
Au lieu de verser dans l’autosatisfaction, les acteurs institutionnels gagneraient à embrailler sur des perspectives intéressantes pour d’autres secteurs. Puisque nous sommes à l’ère de la révélation, il faut les féliciter d’avoir réussi à mettre ces produits sous les feux des projecteurs. En même temps qu’il faut travailler à consolider cet acquis afin d’en tirer le plus grand profit, il est indiqué de songer à révéler d’autres curiosités et richesses du terroir. Les savoirs traditionnels à l’image du Tchakpalo des Collines, le wassa wassa du Borgou, le Afintin d’Abomey, le Sodabi devenu une marque déposée de chez nous ont également besoin d’être érigés en indications géographiques protégées. Evidemment, cela demande un processus. Le plus important à l’heure actuelle est que la dynamique en cours se renforce. Maintenant plus que jamais, le Bénin a besoin de se vendre et de promouvoir son identité à travers les produits du terroir. Son positionnement dans le commerce international à travers la sécurisation, la qualité et l’identité de ses produits en dépend.



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