En vérité : La fin de la récréation

Moïse DOSSOUMOU 16 septembre 2020

C’est un rappel à l’ordre. Il sonne le glas des mauvaises pratiques qui compromettent le plus souvent les transactions commerciales. En effet, le rejet des pièces altérées, lisses ou qui ont perdu leur éclat ou encore des billets froissés irrite au plus haut point les autorités au sommet de l’Etat. Exaspéré par le phénomène, Romuald Wadagni, est sorti de sa réserve. Le ministre de l’économie et des finances entend mettre un terme à cette habitude qui a pignon sur rue. Son communiqué en date du 3 septembre dernier lève l’équivoque sur sa détermination à combattre cette perception sociale devenue systématique autant chez les commerçants que chez les clients. Qui n’a jamais refusé de prendre ou d’accepter une pièce ou un billet au motif de sa supposée perte de valeur ? Ce comportement, inadmissible sous d’autres cieux, est pourtant en vogue sur le territoire béninois. Depuis des années, le mal perdure.
Combien sont-ils à avoir dans leur portefeuille des pièces de monnaie ou des billets de banque et qui ont du mal à s’en servir ou ne peuvent le faire parce qu’ils seront systématiquement rejetés ? Les plus prudents prennent leur mal en patience et effectuent des paiements avec ces espèces sonnantes et trébuchantes indésirables pour le grand public au niveau des ponts péages, dans les stations-services ou dans les commerces qui n’ont que faire de l’aspect des numéraires. D’autres encore, les plus rusés, attendent la nuit tombée pour se jouer de la vigilance des vendeurs, ou des conducteurs de taxi-motos. Pour ne pas avoir à réfléchir avant de dépenser l’argent durement gagné, beaucoup font le choix du rejet systématique des pièces de monnaie et billets qui ont perdu leur éclat. A ce jeu du chat et de la souris, les moins nantis qui vivent au jour le jour et qui ont plus de chance de retrouver ces coupures rejetées dans leur porte-monnaie sont les plus à plaindre.
Dans ce pays, il est possible d’avoir de l’argent mais d’être incapable d’en dépenser pendant des jours, des semaines voire des mois tout simplement parce que, compte tenu de son aspect lisse ou froissé, dans l’entendement général, il est supposé avoir perdu sa valeur. Ce phénomène sociologique irrite et hante les couches les plus défavorisées qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. « Je tiens à rassurer les populations que les pièces de monnaie lisses, ayant perdu leur éclat ou mutilées et les billets de banque froissés émis par la BCEAO ont toujours cours légal et pouvoir libératoire sur toute l’étendue du territoire national et dans tous les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Ils ne peuvent donc pas être refusés dans le cadre des transactions économiques », prévient le ministre qui « rappelle aux populations détenant des pièces de monnaie mutilées ou devenues lisses, ainsi que les billets de banque froissés par l’usage, qu’elles peuvent procéder à leur échange gratuitement aux guichets de la BCEAO ».
Comme pour enfoncer le clou, le ministre insiste sur le fait que « le refus de recevoir la monnaie ayant cours légal dans un Etat membre de l’UMOA est puni par les textes en vigueur ». Cette mise au point était nécessaire. Elle permettra de discipliner les populations qui ne se gênent pas pour refuser les espèces sonnantes et trébuchantes pour un oui ou un non. « Cette situation a entraîné des incidents dans plusieurs localités où des transactions entre agents économiques n’ont pas pu se dénouer ». Après la publication du communiqué, il est important d’insister sur la sensibilisation de toutes les couches socio-professionnelles surtout dans les langues nationales mais aussi sur le respect de cette mesure. C’est à ce prix que ce phénomène qui fait plein de mécontents sera combattu sur la durée.



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