En vérité : La Françafrique à la Macron !

Angelo DOSSOUMOU 31 août 2017

Jules Armand Aniambossou et Jean-Marc Adjovi-Bocco. Ces deux noms, il faut désormais les retenir. Béninois de sang et de la diaspora, ils ont été nommés par le président Emmanuel Macron au Conseil présidentiel pour l’Afrique (Cpa). Une structure savamment pensée et directement rattachée au président français pour davantage nourrir la politique africaine de l’Elysée. Un creuset de onze personnalités, la plupart d’origine africaine, pour permettre une nouvelle approche des enjeux de société et mieux orienter le partenariat France-Afrique.
Déjà, une certitude. Avec le Cpa, Macron innove. En plus de ses conseillers Afrique, il s’est assuré d’avoir un autre son de cloche et une autre approche, notamment de la coopération entre la France et ses anciennes colonies. De toute façon, c’est une bonne nouvelle. Surtout qu’avec cette inédite trouvaille, il est presque certain que la Françafrique retrouvera des couleurs plus reluisantes. Et, gageons que dorénavant avec le Cpa, elle ne ressemblera point au contrôle viscéral des flux migratoires et à la défense, par tous les moyens, des intérêts de la France en Afrique. Autrement, ce Cpa avec nos deux compatriotes perchés aux premières loges, ne serait qu’une farce et une vraie arnaque intellectuelle.
D’ailleurs, ce qui nous intéresse ici, ce sont ces deux Béninois, et ce que la confiance de la France à leur égard peut spécifiquement nous rapporter. Mais avant, notons que c’est l’ancien ambassadeur du Bénin près la France, Jules Armand Aniambossou qui a le privilège d’assurer la coordination du Cpa. Seulement, pour cette présence dans l’équipe des ‘‘Vigies du continent de Macron’’, à part des critères qu’ils remplissent, ils ne doivent rien à qui que ce soit et personne ne pourra les accuser de trahison.
Alors, sauf un sens aigu de patriotisme, que peut-on attendre d’eux ? Sinon, s’il est dit que le Cpa a un accès direct à Macron, avec deux franco-Béninois en son sein et surtout un coordonnateur en tête, difficile de ne pas être chauvin. Mais réalisme oblige, et aussi longtemps que dans la jungle, les lions dévoreront des biches, la boutade de Charles de Gaulle hantera les esprits. Et donc, cette françafrique, fût-elle de Sarkozy, de Hollande ou de Macron, je la vois mal, de façon désintéressée, avoir des amis.
Maintenant, si avec le Cpa, le partenariat France-Afrique est moins déséquilibré que par le passé, tant mieux. Et en ce qui concerne le Bénin, s’il lui garantit plus de visibilité et lui permet, dans la mesure du possible, d’en tirer des dividendes, on applaudira. Mais, n’oublions déjà pas que dégommé, l’ambassadeur Aniambossou, au lieu d’être un atout pour le Bénin, peut être un handicap. C’est bien possible. La vie réserve parfois des surprises, et à mon avis, la meilleure revanche du camarade de promotion à l’Ena de Macron et de ses pairs, c’est la sauvegarde des intérêts de l’Afrique et non des requins qui gouvernent le monde. Etre écouté du maître, c’est bien. Mais travailler et l’amener à l’équité, c’est mieux. Au Cpa de choisir son camp !



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