En vérité : La manne des supporters

Moïse DOSSOUMOU 19 juin 2019

C’est une bonne nouvelle. Elle en a l’air en tout cas. Un million par supporter béninois désireux de se rendre en Egypte pour pousser les Ecureuils à la victoire. Le gouvernement, à travers le ministère des sports, ambitionne sans doute de faire le plein des gradins à Ismaïlia en Egypte. Après avoir fait le nécessaire pour que le onze national effectue son stage de préparation et livre ses premiers matchs dans de bonnes conditions, l’Exécutif songe à présent aux supporters. Compte tenu de son importance, le douzième homme a souvent compté dans l’issue des différents matchs surtout lorsqu’il s’agit d’une compétition aussi prestigieuse que la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Ne pouvant laisser les Ecureuils orphelins sur le rectangle vert loin de leur patrie, la mobilisation des supporters a été lancée. Les Ghanéens, les Camerounais et les Guinéens sont prévenus. Les Ecureuils ne se déplaceront pas seuls. Evidemment, la liste n’est pas ouverte à tout venant. Sinon, ce serait un véritable capharnaüm.
Pour bénéficier de cet appui financier officiel, il faudra satisfaire à trois conditions cumulatives. Etre détenteur d’un visa d’entrée en Egypte, avoir un billet d’avion et un titre de réservation d’hôtel pour la période couvrant l’ensemble des matchs du premier tour au moins. Ces modalités corsées permettent de juger du sérieux et de la qualité des candidatures qui peuvent prétendre bénéficier de la manne gouvernementale. Pour ne pas laisser des individus aux appétits voraces convoiter le million offert par personne au point de se mettre en selle pour l’empocher, ces garde-fous ont été édictés. Seules les personnes motivées qui ont déjà accompli certaines formalités avec succès peuvent prétendre à ce pactole. Les plaisantins, opportunistes et assimilés sont ainsi refoulés d’office. Il faut donc nourrir le projet de se rendre en Egypte et être disposé à financer soi-même son voyage avant de se tourner vers le gouvernement.
Les associations de supporters qui s’organisaient déjà en leur sein afin que le maximum de leurs membres prennent part à ce voyage reçoivent ainsi une bouffée d’oxygène. C’est donc une bouée de sauvetage pour les citoyens qui ne savaient plus où donner de la tête par rapport aux dépenses qu’engendre un tel projet. On pourrait s’interroger légitimement sur le temps qu’a mis le gouvernement avant de porter une telle annonce à l’attention de l’opinion publique. N’aurait-il pas mieux valu le faire un peu plus tôt pour permettre à beaucoup qui ont sans doute renoncé à ce voyage pour insuffisance de moyens de faire partie de la colonie béninoise à Ismaïlia ? Ce n’est pas aisé d’obtenir le visa à quelques jours du démarrage de la Can lorsqu’on sait que les services officiels Egyptiens seront débordés par une multitude de requêtes. Quid des hôtels qui auront déjà fait le plein depuis quelques semaines !
Néanmoins, on ne peut cracher sur cette offre quoique tardive. Ceux qui estiment que cette enveloppe financière peut servir à d’autres tâches de développement dont la construction d’infrastructures socio-communautaires n’ont pas tort. Mais dans le même temps, il s’agit de la Coupe d’Afrique des Nations et si le Bénin est pauvre, il se doit de montrer bonne mine à la face du monde autant par la prestation de ses joueurs que par le soutien appréciable des supporters. Il s’agit d’un ensemble. Il n’y a pas d’équipe nationale sans supporters présents dans les gradins lors des grands matchs. Les deux entités forment une paire indissociable. D’un autre côté, il ne faudrait pas perdre de vue que le sport et surtout le football est vecteur de ressources et de visibilité. En toute chose, il y a un prix à payer. Seule ombre au tableau, il n’a pas été révélé le montant affecté pour une telle opération. Les sous sont-ils disponibles pour autant de personnes qui remplissent les conditions ? Au nom de la transparence, il faut lever le voile sur ce sujet précis.



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