En vérité : La nébuleuse des masques

Moïse DOSSOUMOU 14 avril 2020

Il fait désormais partie des habitudes. Même si ce n’est pas encore ce que ça doit être, le port obligatoire des masques faciaux est devenu un réflexe pour beaucoup. Les masques homologués à l’international, médicaux ou artisanaux foisonnent. Dans tous les coins de rue, les administrations, les structures privées ou encore en circulation, ils sont en vogue. Moyen de prévention efficace contre la propagation du Covid-19, à condition qu’il soit bien porté, le masque se retrouve aujourd’hui un peu partout. Certes, on peut trouver à redire sur la qualité. Mais force est de reconnaître que son utilisation s’est largement répandue. Depuis quelques jours, en effet, le gouvernement a rendu obligatoire le port dans la plupart des communes de la partie méridionale du pays et fait la même recommandation à l’endroit des autres communautés au plan national. Il n’en fallait pas plus pour que les populations se ruent sur cet apparat de protection en ces temps difficiles.
Les habitants de la zone la plus exposée n’ont pas vraiment le choix. Pour leur sécurité, ils sont obligés de s’affubler, pour ainsi dire, de ce vêtement particulier qui protège le nez et la bouche de toute substance extérieure. Depuis peu, à Cotonou, Abomey-Calavi, Ouidah, Allada, Tori, Zè, Sèmè-Podji, Sô-Ava, Aguégués, Porto-Novo, Akpro-Missérété, Adjarra, c’est la mode. Tout récemment, les localités de Kpomassè, Toffo, et l’arrondissement d’Atchoukpa dans la commune d’Avrankou sont rentrés dans la danse. Au départ, les pharmaciens, seuls vendeurs agréés des masques, ont renchéri les coûts de cession allant jusqu’à 600fcfa l’unité alors que le gouvernement a fixé le prix subventionné à 200fcfa. Les plus nantis qui tenaient à se protéger ont fait les frais de cette cupidité pendant plus d’une semaine avant que les pouvoirs publics ne sifflent la fin de la récréation, avec, à l’appui, des menaces de retrait d’agréments et de poursuites judiciaires.
Depuis lors, au niveau des pharmacies, la surenchère n’est plus de mise. Avec la réception de plusieurs lots de masques par le gouvernement, force est de constater que le produit est disponible. Ceux dont la bourse permet d’acquérir des masques à usage unique et dont la durée d’utilisation n’est que de quelques heures se ruent vers les pharmacies afin de se protéger. Par contre, la plupart, ceux « qui donnent la popote avec les revenus de la veille » ont jeté leur dévolu sur les masques en tissu réutilisables. Disponibles à tous les coins de rue à un prix modique, grâce aux efforts des stylistes et couturiers qui ont voulu profiter de la situation pour se faire des sous, ils sont arborés par le Béninois lambda dans ses déplacements. C’est heureux que les citoyens aient adhéré à cette énième mesure de prévention sans grande contrainte. Les Béninois donnent ainsi, encore une fois, la preuve de leur discipline.
Maintenant que le port du masque facial est pour ainsi dire accepté du plus grand nombre, il urge de miser à présent sur son mode d’emploi. Dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, porter le masque est une chose, bien le porter en est une autre. Cet instrument de prévention a ceci de spécifique que son utilisation doit s’entourer d’une hygiène absolue. Les masques à usage unique ne se portent pas n’importe comment et ne se jettent pas n’importe où. Il en est de même des masques en tissu. Bien que réutilisables, leur port est également limité et s’évalue en nombre d’heures. Le lavage quotidien et le repassage font partie intégrante des règles d’utilisation. Quid de leur manipulation pendant qu’ils sont fixés au visage ? A ce niveau également, il y a des règles strictes à observer. Le gouvernement qui se retrouve au four et au moulin est aussi interpellé sur ce chantier qui ne peut pas être laissé au bon vouloir des uns et des autres.



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