En vérité : La peur au ventre

Moïse DOSSOUMOU 8 août 2019

Il ne fait pas bon de circuler à l’intérieur du pays. Les hors-la-loi ont repris du service et opèrent en toute quiétude, de jour comme de nuit. Les usagers de la route qui font la navette entre le Nord et le Sud sont sur le qui-vive. A tout moment, les braqueurs sûrs de leurs forfaits peuvent surgir de nulle part pour les déposséder de leurs biens, s’ils n’attentent pas à leurs vies. Naguère sécurisé et débarrassé des coupeurs de route, l’axe Dassa-Parakou est devenu depuis peu leur champ de prédilection. En terrain conquis, les divorcés sociaux à la recherche du gain facile ont établi leur quartier général sur les axes routiers. Spécialisés dans ce genre d’attaques, ils poussent l’outrecuidance jusqu’à défier les forces de sécurité publique en plein jour. Les récents événements malheureux le prouvent aisément. Alarmés, les éléments de la police républicaine ne se présentent sur le terrain qu’après le passage des coupeurs de route.
Les Béninois croyaient cette période révolue. C’était avec bonheur et sérénité que pendant plus de deux ans, les voyageurs se rendaient d’un point à l’autre du territoire et ce, même aux heures avancées de la nuit, car ils avaient l’assurance que la police veillait au grain. Subitement, la donne a changé. Aujourd’hui, c’est la peur au ventre qu’on se rend de Cotonou à Parakou et vice-versa. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que le dispositif qui a prouvé son efficacité pendant de longs mois sans discontinuer soit aussi éprouvé ? D’où sont venues les failles ? La police a-t-elle dormi sur ses lauriers pendant que les malfrats préparaient la riposte ? La mutualisation des moyens manifestée par la fusion de l’ex police et de la gendarmerie nationales en une force unique dénommée « police républicaine » était censée être une réponse à l’insécurité. Pour ce qui est des braquages sur les axes routiers, cela a semblé fonctionner pendant un temps.
Hélas, les cas d’attaques se multiplient. Le relèvement systématique des chefs d’unités sur les territoires desquels les hors-la-loi opéraient en toute quiétude semble ne plus être efficace. Pourchassés, fragilisés, neutralisés, les braqueurs avaient replié, mais ils n’ont pas disparu pour autant. Les populations assistent plutôt impuissantes à un retour en force. Que dire du renseignement ? Le système mis en place a-t-il déjà montré ses limites ? Les patrouilles régulières des forces de l’ordre qui se relaient sur les axes routiers sont-elles à réinventer ? La facilité avec laquelle l’insécurité sévit sur les routes interpelle les responsables à divers niveaux de la police républicaine. Spécialistes de la sécurité, formés et employés par l’Etat à ce titre, c’est plutôt à eux qu’incombe le devoir d’avoir une longueur d’avance sur les hors-la-loi, quel que soit le cas de figure. Le comble, au même moment que les coupeurs de route sévissent sur les grands axes routiers, c’est aussi la panique généralisée sur les autres voies non moins fréquentées.
Dans les rues et ruelles, dès que tombe le crépuscule, c’est la panique généralisée à divers endroits. Les vols de motos et de divers biens au moyen d’armes blanches et les cambriolages font rage. Abomey-Calavi, Sèmè-Podji et Porto-Novo sont les communes de prédilection des divorcés sociaux. Ces cités dortoirs n’ont jamais été autant prises d’assaut par les malfrats de tout acabit. Avec la suppression des brigades de sécurité civile et la difficulté de quadrillage du territoire par les nouveaux commissariats d’arrondissement aux effectifs et moyens limités, le citoyen n’est pas sorti de l’auberge. Perpétuelle, la quête de la sécurité pour chacun et pour tous, ne saurait être considérée comme un vœu pieux. Soumaïla Yaya, Contrôleur général de police, a pris il y a peu les rênes de la police républicaine. Il est très attendu sur le terrain des résultats.



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