En vérité : Le cas Houndété

Moïse DOSSOUMOU 6 novembre 2018

Il a fini par prendre ses distances avec le Bloc de la majorité parlementaire (Bmp). Ce mariage n’aura pas duré bien longtemps. D’ailleurs, il n’a jamais figuré parmi les députés de la mouvance qui s’illustrent avec abnégation dans la défense du gouvernement. Eric Houndété, le député, qui a fait du contrôle de l’action gouvernementale son cheval de bataille au cours de la 6ème législature, signale de fort belle manière son retour au devant de la scène. Samedi dernier, à la faveur de la sortie politique de l’opposition, le premier vice-président de l’Assemblée nationale s’est nettement démarqué de ceux qu’on peut considérer comme ses anciens alliés. En s’affichant avec aisance aux côtés des contempteurs du régime de Patrice Talon, Eric Houndété prend ses distances avec le Bmp et fait connaître son point de chute à l’opinion. Sauf retournement de situation, on le comptera désormais parmi les élus de la minorité parlementaire.
Les opposants déjà fragilisés ne bouderont pas leur plaisir. Cette recrue de taille vient apporter de l’oxygène à ce groupe qui vaille que vaille s’accroche à ses idéaux. Ancien sociétaire de l’Union fait la nation, Eric Houndété s’est résolu à claquer la porte parce que ses ambitions de présidentialiste ont été balayées du revers de la main dans le temps par les dirigeants de cette alliance. Désireux de faire cavalier seul pour la présidentielle de 2016, il a fini par jeter, à la surprise générale, son dévolu sur Lionel Zinsou. La suite, nous la connaissons. Avec l’avènement de Patrice Talon au pouvoir, l’homme a opté pour le silence au point de se faire oublier par ses compatriotes. N’eût été sa fonction actuelle qui l’oblige à diriger de temps en temps des séances plénières, on peut dire qu’il a réussi à s’effacer complètement de la scène publique.
En avril 2017, suite au premier rejet de la tentative de révision constitutionnelle, le Bmp a été créé à l’Assemblée nationale. Eric Houndété en faisait partie. Comme beaucoup d’autres, il est allé grossir l’effectif de ce groupe qui a évolué depuis lors sur la base d’une discipline et d’une solidarité exemplaires. A plusieurs reprises, le député de la 5ème législature a donné sa caution à certaines initiatives tendant à soutenir les actions du gouvernement. Mais à aucun moment, on ne l’a entendu, à l’instar de certains, soutenir à cor et à cri le régime de Patrice Talon. Avec le vote et la promulgation de la Charte des partis politiques et du Code électoral, un nouvel ordre politique venait d’être établi. Les acteurs politiques, toutes tendances confondues, n’avaient pas d’autre choix que de rabattre toutes les cartes et de s’aligner pour un nouveau départ. L’imminence des législatives donnait un caractère urgent à ce processus.
A un rythme modéré puis accéléré par la suite, les partis, mouvements et alliances de partis sont rentrés dans la danse. Du côté de la mouvance, la course effrénée vers l’adhésion à l’un des deux blocs en gestation témoigne de la pression qui pèse sur le personnel politique du fait de l’effectivité de la réforme du système partisan. Quant à l’opposition, elle prend le temps d’arrondir les angles avant de se jeter à l’eau. Eric Houndété n’a certainement pas trouvé chaussure à son pied aux côtés de Patrice Talon. C’est pour cela qu’il n’a pas jugé utile de poursuivre l’aventure avec le Bmp. Au cours de cette 7ème législature, sa posture mi-figue mi-raisin en dit long sur la qualité de son soutien au chef de l’Etat. A présent, il jette le masque et projette d’aller au charbon avec la casquette d’opposant. A moins de cinq mois des législatives, le Bmp perd un député et pas n’importe lequel.



Dans la même rubrique