En vérité : Le côté institutionnel des législatives

Moïse DOSSOUMOU 17 décembre 2018

Les stands de la foire politique sont ouverts. A échéances régulières, ils drainent du monde. Cette fois, ils sont particulièrement animés. Les temps ont changé et les défis sont immenses. En mars 2019, ça passe ou ça casse pour l’essentiel du personnel politique qui a fait la pluie et le beau temps depuis la Conférence nationale de février 1990. La spécificité du contexte des élections à venir fait hérisser les cheveux sur les têtes de nos hommes politiques habitués à dicter leur loi, chacun dans les limites de son parti politique. Mais la réforme du système partisan oblige à un changement d’attitude. Pendant que les politiciens jouent des coudes pour leur survie, les organes institutionnels habilités à se donner la main pour l’organisation des scrutins travaillent dans l’ombre. Loin du brouhaha occasionné par la fièvre des législatives, les structures impliquées dans l’organisation des élections opèrent les derniers réglages pour ne pas rater le coach.
La Cour constitutionnelle, le Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi) et la Commission électorale nationale autonome (Cena), pour ne citer que ceux-là, s’affairent pour répondre présents à cet énième rendez-vous de l’histoire. Le rôle prépondérant joué par ces organes prévus par la Constitution et les lois ordinaires mérite qu’on s’attarde sur leurs attributions. Juge de la constitutionnalité de la loi, garante des droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés publiques, la Cour constitutionnelle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics. Elle « statue également, en cas de contestation, sur la régularité des élections législatives ». Elle a donc son mot à dire quant à l’issue des prochaines élections et c’est à juste titre que son président a jugé utile de rencontrer celui de la Cena, à toutes fins utiles. Les législatives de mars 2019 constituent un test grandeur nature pour Joseph Djogbénou et compagnie installés seulement en juin 2018.
Contesté mais légal et légitime, le Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi se donne moins en spectacle que par le passé. Les Béninois ont encore en mémoire les mandatures à polémique dirigées par Sacca Lafia et Augustin Ahouanvoèbla. Elu du peuple comme ses prédécesseurs à ce poste, Janvier Yahouédéou se fait très discret. On l’entend à peine. Depuis son élection, ses interventions sporadiques sont le témoignage de ce qu’il y a de moins en moins des choses à se mettre sous la dent au niveau de cet organe. Chargé de toiletter la liste électorale, le Cos butte souvent contre l’argument de l’indisponibilité des ressources financières brandi par le gouvernement. Est-ce encore le cas cette fois-ci ? Le Cos déroule-t-il son plan en toute sérénité ? A-t-il reçu les ressources pour mener à bien sa mission ? Ce n’est pas très évident d’obtenir les réponses à ces interrogations. A l’heure du bilan, l’opinion appréciera.
Expérimentés dans l’organisation matérielle des scrutins, les membres de la Cena s’apprêtent à vivre encore des moments éprouvants. Très bientôt, ils entreront en scène avec un peu plus de maîtrise. Ce n’est, en effet, pas chose aisée d’organiser des élections dans un pays où des bureaux de vote s’ouvrent au-delà de midi et où les électeurs continuent de voter jusqu’à 00h. Ces failles récurrentes, il urge de les corriger. Huiler le dispositif de manière à ce que chaque maillon de la chaîne réponde aux attentes en temps et en heure, tel doit être le défi que Emmanuel Tiando et son équipe sont appelés à relever. Au fil des scrutins, la correction des failles et insuffisances devra être manifeste. il ne faudrait surtout pas que les tares du passé soient encore d’actualité dans quelques mois. Le personnel politique fait déjà feu de tout bois pour s’illustrer au terme de ces élections. Il appartient aux organes en charge de l’organisation de faire convenablement leur job.



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