En vérité : Le défi de la salubrité

Moïse DOSSOUMOU 29 juillet 2020

Elles sont à l’œuvre. Comme à l’accoutumée, à l’approche de la fête nationale, les communes font leur toilette. Le balayage des rues, l’embellissement et le pavoisement des artères sont en cours un peu partout sur l’ensemble du territoire national. Ce ménage traditionnel qui s’effectue une fois l’an donne aux cités un semblant de salubrité. Sitôt les célébrations achevées, les vieilles habitudes reprennent. Les services techniques des mairies ne sont plus très regardants sur la salubrité publique. Le laxisme des autorités ajouté à l’incivisme des populations fait le lit à la malpropreté. Et les villes naguère belles et attrayantes présentent enfin leur vrai visage. Depuis des années, ce contraste saisissant dure. Après 60 années d’indépendance, il est venu le moment de miser sur la permanence de la propreté urbaine. Cela ne peut pas être une réalité en l’espace d’une fête. La salubrité doit être permanente. Et cette responsabilité incombe aux communes.
Au lendemain de la fête nationale, qui du reste sera célébrée dans la sobriété, les nouveaux maires feraient œuvre utile en maintenant propres leurs territoires respectifs. Cela passe évidemment par une plus grande attention pour ce qui est du balayage constant des grandes artères et des rues secondaires, tout au moins pour celles qui sont revêtues. L’installation des poubelles publiques et des brigades de salubrité permettront de tendre vers cet objectif déjà atteint dans plusieurs cités africaines. Ailleurs, la propreté des rues n’est plus une préoccupation. Mais au Bénin, les pouvoirs publics, notamment les pouvoirs locaux ont encore du pain sur la planche. Puisqu’il faut un début à tout, vu que la plupart des voies les plus empruntées subissent actuellement une cure, il est à souhaiter que cet effort d’assainissement perdure. A échéances régulières, au moins une fois par semaine, les maires gagneraient à débarrasser leur environnement de la saleté.
Mieux, puisque la commune ne peut tout faire, l’implication active des populations ne doit pas faire défaut. Les villages et quartiers de ville méritent constamment des coups de balai et des initiatives de désherbage. Organisés par ruelle sous la houlette des conseillers locaux, les habitants de chaque espace géographique ont le devoir de nettoyer leur cadre de vie. Cela peut se faire avec d’excellents résultats. Un peu plus au sommet de cette initiative, les chefs d’arrondissements en parfaits chefs d’orchestre sont capables d’amener leurs administrés à produire cette belle symphonie. Pendant longtemps, les populations locales sont restées dans une logique attentiste. Pour elles, tout doit venir des élus. C’est cela qui justifie l’inertie constatée à leur niveau. Il faut donc opérer une révolution dans les mentalités afin que l’accompagnement des mandants soit de mise. Balayer sa rue, désherber son quartier, enlever les ordures de son cadre de vie n’est pas une tâche impossible à accomplir par les populations. Si elles sont bien conditionnées, elles le feront avec enthousiasme.
C’est un grand défi qui doit être relevé par les 77 conseils municipaux et communaux qui ont placé leur mandat sous le signe du développement local. Cet objectif se décline par étape. La salubrité publique est un axe capital. Quand une cité est propre, ses habitants sont en bonne santé. Ils sont ainsi épargnés des affres de plusieurs maladies qui tirent leur source de la malpropreté. De plus, une cité salubre fait la joie des populations et des dirigeants. Le balayage des rues, le ramassage régulier des ordures, l’installation des poubelles publiques, l’éducation des citoyens aux gestes de propreté surtout lorsqu’ils sont dans l’espace public ne sont pas de vains mots. Ailleurs, ça se pratique avec succès. Le Bénin à travers les élus municipaux, communaux et locaux ne perd rien à s’inspirer de ces modèles. La saleté tout comme la pauvreté n’est pas une fatalité.



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