En vérité : Regards sur la 7ème législature

Moïse DOSSOUMOU 1er octobre 2018

141 lois déjà votées. En 3 ans et demi, la 7ème législature peut se targuer d’avoir à son actif une production plutôt abondante. La plupart de ces lois à caractère social, économique et sécuritaire induisent de profonds changements dans les habitudes. Installée en mai 2015, cette législature s’est métamorphosée au fil du temps. Avec l’avènement au pouvoir de Patrice Talon le 6 avril 2016 et surtout après la première tentative manquée de révision constitutionnelle le 4 avril 2017, les choses ont pris une nouvelle tournure. La naissance du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) au lendemain de cette date du 4 avril 2017 devenue historique dans les annales de la 7ème législature a davantage cristallisé les positions. Fidèles aux actions du chef de l’Etat, les 62 députés qui composent initialement ce groupe font montre d’une loyauté à toute épreuve. Et cela ne plaît pas forcément à tout le monde.
Ce soutien déterminant dont bénéficie le gouvernement fait pleuvoir des critiques sur la Représentation nationale assimilée par certains à une caisse de résonance. Faits inédits à l’actif de la présente législature, des demandes de levée d’immunité parlementaire ont été accordées. Il en est de même des autorisations de poursuites à l’encontre d’anciens ministres qui ont été validées. Cette législature ne manque pas d’arguments pour susciter l’intérêt de l’opinion. A un rythme soutenu, les 83 députés ont osé. Le vote de la charte des partis politiques, le code électoral, la loi sur les collaborateurs extérieurs, le texte sur la suppression puis l’encadrement du droit de grève… sont, entre autres, des sujets qui déchainent les passions. Sans coup férir, les élus du peuple ont mis les pieds dans le plat à plusieurs reprises. Ils réservent sûrement encore des surprises à leurs mandants.
A six mois de la fin de cette législature, l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) s’est proposée de dresser un bilan de ses activités. Sous l’œil avisé de Joël Aïvo, les députés concernés ainsi que d’autres acteurs de la société politique et civile ont exprimé leur état d’âme. Si pour Léon Basile Ahossi, « c’est à bon droit que les populations s’interrogent sur la qualité de la production parlementaire », Jean-Michel Abimbola estime que le temps est trop court « pour analyser en profondeur tous les impacts des lois votées ». Anne Cica Adjaï martèle de son côté que la déclaration de Maputo à laquelle le Bénin est partie prenante oblige à de grands regroupements politiques, aussi bien dans la mouvance que dans l’opposition. Il n’en fallait pas plus pour que Orden Alladatin renchérisse en indiquant que la charte des partis politiques, le code électoral et la future loi sur le financement public des partis politiques sont à lire ensemble et non de manière isolée.
Il ne restait plus qu’à Eric Houndété de souligner « qu’il est important avant de prendre une loi d’évaluer le passé pour s’assurer de la pertinence de la nécessité du changement et d’évaluer son impact ». Candide Azannaï connu pour son franc parler ne passera pas par quatre chemins pour affirmer que quel que soit son bord politique, on doit avoir la capacité de dire la vérité au chef. « Nous avons contraint Kérékou, Soglo et Yayi à gouverner dans un cadre de liberté, de pluralisme et de concurrence », dira Joël Aïvo, sans se départir de son assurance habituelle. Tatillon sur les questions de principes démocratiques, l’universitaire avance que les Béninois veulent vivre et se développer dans la liberté. Cet exercice d’expression des différentes perceptions sur la production de la 7ème législature permet à l’opinion de se forger une certaine image des élus du peuple dont le mandat expire dans quelques mois. En son temps, place sera faite aux députés de la 8ème législature appelés à faire beaucoup mieux que leurs prédécesseurs.



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